CHAPITRE 2

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SÉFIA

Je ferme les yeux, mais l'obscurité me tétanise immédiatement. La noirceur est devenue source de mes cauchemars les plus intenses, au cours des derniers mois.

Ces sensations qui me hantent reviennent doucement, et s'infiltrent sous chaque parcelle de ma peau, laissant naître en moi un malaise inéluctable. Troublée, je me tourne, me retourne sur les draps, et manque de hurler lorsque ces mains invisibles me touchent, et attrapent avec force mes bras, mes jambes, mes cheveux. Mon cœur s'emballe, ma respiration s'accélère. Du coin de l'œil, j'aperçois mes poings qui se serrent tel un automatisme, et mes doigts paralysés, incapables d'effectuer le moindre mouvement.

Mes membres s'engourdissent et je mords ma lèvre inférieure pour ressentir quelque chose, n'importe quoi. Je pose une main sur ma poitrine dans l'intention d'apaiser les battements trop rapides de mon cœur, et un hoquet de surprise m'échappe face à la chaleur de mon corps. La désagréable impression que quelqu'un est assis sur ma poitrine m'envahit, et je me redresse vivement, les membres fébriles.

Légèrement titubante, j'avance jusque dans le couloir et entre dans la salle de bain. La porte claque derrière moi, alors que je commence à gratter frénétiquement mes poignets. Il faut que je me calme...

Je tire mes cheveux, et laisse mourir un gémissement de douleur au fond de ma gorge. Des fourmillements désagréables s'immiscent sous mes bras, et me glacent le sang. Il faut que je me calme.

Je marche de long en large dans la petite pièce, tel un lion cage. Mes yeux et mon nez me piquent, comme si je m'apprêtais à pleurer. Et en touchant mes joues, je me rends compte à quel point elles se font brûlantes. Brûlantes de mes larmes silencieuses, brûlantes de ma montée d'adrénaline. Il faut que je me calme.

Je panique face à ma respiration qui se saccade encore. Cette horrible impression de suffoquer m'oppresse et ne me quitte pas. Je manque affreusement d'oxygène, et le fait de me dire que je suis en train d'hyper-ventiler ne m'aide pas. J'ouvre la fenêtre et tente d'inspirer calmement, en vain. Il faut que je me calme.

Mes pupilles se dirigent lentement vers mes mains, qui se sont mises à trembler. J'ai l'impression de m'étouffer dans mes propres pleurs. Je me sens faible... Il n'existe pas de mot pour définir le malaise, le trouble, le déséquilibre qui pèse sur tout mon être. Je déglutis difficilement, en retenant un haut-le-cœur. Il faut que je me calme !

Mes doigts effleurent le lavabo, avant agripper le bord de toutes mes forces. Mes jointures blanchissent à vu d'œil, et mes ongles se retournent à leur bout. Je les plante machinalement dans mes paumes, mais aucune sensation ne me vient. Je grogne face à ce sentiment horrible d'être possédée, de ne plus avoir aucun contrôle sur mon corps et mon esprit.

Concentre-toi... Ma bouche s'assèche et ma langue devient pâteuse contre mon palet, pourtant, grâce à la lumière de la lune, j'aperçois dans le miroir des perles de sueur couler le long de mes tempes. J'essuie rageusement mon front et mes yeux de ma main, et ferme si fort les yeux, qu'un mal de tête ne tarde pas à poindre. Frissonnante de rage et de peur, je m'assois par terre, et colle mon dos en sueur contre la porte. À bout de force, j'essaie de me concentrer sur ma respiration et me répète dans des murmures :

— Ça va allez... Tout se passe bien...

Mes genoux remontent doucement contre ma poitrine, et je pose mon menton dessus en soufflant un grand coup. Mes tremblements cessent peu à peu, et les fourmillements disparaissent quelques instants plus tard. Je joins mes mains sur mes tibias et rejette ma tête en arrière, épuisée de cet événement. 

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now