CHAPITRE 21

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SÉFIA

Je descends les escaliers au ralenti, en appréhendant de trouver mes parents dans la cuisine. Les yeux rouges et les cheveux ébouriffés, j'entre en traînant des pieds sans un regard pour eux. Je vois du coin de l'œil ma mère se figer tandis que mon père se concentre sur sa tasse de café, comme si de rien n'était. J'attrape une pomme sur le plan de travail et m'apprête à retourner dans ma chambre, mais mon père m'interpelle.

— Assieds-toi, grogne-il.

Je souffle une bonne fois pour toute et tourne les talons pour faire face à mes parents.

—Je m'excuse d'être partie sans vous prévenir ! Ça te va ?! je réponds en haussant la voix.

— Ta mère et moi nous sommes faits un sang d'encre, Séfia ! Tu ne te rends pas compte de la portée de tes actes !

Mon cerveau entre en ébullition. J'ai conscience de les avoir blessés et terrorisés en échappant à leur vigilance et je m'en veux bien assez pour qu'ils n'en rajoutent une couche !

— Je sais que j'ai fait une bêtise, mais vous ne pouvez pas m'en vouloir éternellement !

Mon père se pince l'arête du nez et fronce les sourcils. Je tourne la tête vers ma mère. Elle me fixe, les larmes aux yeux.

— Séfia... J'ai cru... J'ai cru que tout allait recommencer... chuchote-t-elle.

Je secoue la tête en me rendant compte de l'angoisse que j'ai suscitée. Je ne suis que source de soucis, d'inquiétudes et d'anxiété... Je me demande parfois s'ils ne seraient pas mieux sans moi.

— Il ne s'est rien passé, Maman. J'ai juste accompagné Kenzo à l'hôpital pour voir sa sœur, rien de plus.

— Rien de plus ?! hurle mon père. Et si tu n'étais pas rentrée ? Et si on t'avait retrouvé dans un fossé ? Ou pire, si on ne t'avait jamais retrouvé ?!

— Mais je suis là ! Je vais bien !

Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique, à mesure que l'adrénaline coule dans mes veines. La culpabilité m'accable, mais la colère me fait sortir de mes gonds. Je ne suis peut-être pas légitime de le faire, mais je ne me laisserai pas marcher sur les pieds. Pas cette fois.

— Quant à ce Kenzo... commence mon père.

— Il n'y est pour rien ! Ne le blâme pas pour des faits qu'il n'a pas commis !

— Ne me parle pas sur ce ton jeune fille ! Nous te faisions confiance ! Nous t'avons laissé des libertés pour que tu puisses vivre à nouveau, à une seule condition ! Une seule ! Nous prévenir ! Et tu n'es pas foutu de le faire !

Je serre les dents. Il ne m'a jamais parlé comme ça. Chaque mot est un véritable coup de poignard.

— Tu nous déçois, Séfia.

— John... souffle ma mère.

J'accuse le coup, et ouvre la bouche pour répliquer :

— Je n'ai rien fait de mal ! J'ai suivi vos conseils ! Je me suis trouvée de nouveaux amis, j'ai retrouvé goût à la vie, je me suis intéressée à un tas de choses...

— Disparaître pendant des heures ne devrait pas être dans ta petite liste ridicule d'expériences à tenter ! s'écrie si fort mon père, que la veine qu'il a dans son cou rougit instantanément.

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now