CHAPITRE 29

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SÉFIA

    — C'est génial Séfia !

    La tête plongée dans mon casier à la recherche de mon manuel, je grogne lorsque mon front heurte le haut de l'étagère. Ce fichu livre devrait pourtant être ici ! Pourquoi faut-il qu'il y ait autant de bazar... ?

    — J'ai hâte de vous voir débarquer en mode couple goal d'une comédie romantique !

    Je recule et sors de ma case métallique pour me tourner vers Chani, qui sautille sur place. Depuis que je leur ai avoué que Kenzo m'avait proposé de l'accompagner au bal, Coco et elle ne cessent de s'inventer tout un tas de scénario. Je lève un sourcil face à l'absurdité de ses propos, un rictus discret sur les lèvres.

    — Je suis vraiment contente de te voir comme ça Séfia, lance Coco.

    — Comment ?

    — Souriante. Heureuse. J'ai l'impression que Kenzo a rallumé quelque chose en toi, et je lui en serai éternellement reconnaissante.

    Elle ouvre ses bras, et je me laisse aller contre elle. Chani ne tarde pas à nous rejoindre. Elle a raison. Depuis le mois d'avril dernier, j'ai l'impression d'avoir été plongée dans un sommeil comateux. Pourtant, je me sens plus vivante que jamais quand le grand brun est à mes côtés. Il ébranle chacune de mes certitudes.

    — Vous n'y pas pour rien non plus... dis-je, à voix basse.

    Les filles reculent et me fixent avec émotion. Je crois pouvoir affirmer que toutes les trois, nous nous sommes bien trouvées. Je les accepte dans ma vie malgré ma confiance bousillée. Je n'ai plus peur de l'avenir. J'avance la tête haute. Mon cœur est toujours aussi lourd de mes angoisses, de ma culpabilité et de mes craintes, mais le poids s'allège un peu plus chaque jour grâce à leur présence.

    — Allez ! Il faut qu'on se dépêche si on veut avoir des frites ce midi ! s'exclame Coco.

    Je claque la porte de mon casier et sursaute face à la personne qui se tient derrière celle-ci. Ce sont ses chaussures que je vois en premier. Des baskets noires salies par la boue. Un jean sombre et moulant, qui dessine parfaitement l'arc de ses jambes musclées. Ses abdominaux se dessinent sous son T-shirt blanc, même s'il les cache partiellement avec sa veste universitaire à l'effigie de Falcon's High. Falcon's High ?

    — Non. C'est impossible... murmuré-je.

    Je lève brusquement la tête et mon regard s'écrase contre ce visage aux apparences si sympathiques, et aux vices sont profondément ancrés en lui. Ses yeux me rendent mal à l'aise. Ils provoquent en moi un flot d'émotion que mon cerveau n'est pas près à contrôler. Je m'appuie contre le casier le plus proche et tente de reprendre mes esprits, en vain.

    Il se tient devant moi. À quelques centimètres. Les mains dans les poches de son jean, les pupilles fières et provocatrices, il ne me laisse pas le temps de respirer. J'ai beau savoir que ce n'est qu'un fantôme du passé, qu'il ne peut ni m'atteindre, ni me toucher, la douleur que j'éprouve en pensant ne serait-ce qu'une seconde à lui me cloue sur place. Je laisse la noirceur et la frénésie s'imprégner doucement de mes veines.

    — Bonjour Séfia, entends-je comme un écho.

    Je ferme les yeux si forts que le monde semble m'engloutir. Je quitte la réalité pour m'enfoncer toujours plus dans les abysses de mes cauchemars.


    Je rejoins mes parents dans le salon et leur annonce que je suis prête. Mon père se lève et s'éloigne pour aller chercher les clés de sa voiture, tandis que ma mère me fixe, une lueur étrange dans les yeux. Je peux sentir toute la tension et le stress qui l'accable d'où je suis. Elle a un mauvais pressentiment, mais je ne comprends pas pourquoi.

Quelqu'un Pour ToiNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ