CHAPITRE 14

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HARLEY

Je rajuste le col ma chemise et lisse les quelques plis encore visibles. J'ai vraiment l'air d'un putain de pingouin, là-dedans. Je suis sûr que si Evie me voyait, elle se foutrait de moi et elle aurait bien raison ! Je jette un dernier coup d'œil à mon apparence, dans le miroir. Mes cheveux ondulent légèrement, je me désespère de les voir blondir. J'ai vraiment pas envie d'avoir une gueule de bambin ! Seulement, la nana que je m'apprête à aller voir se fout pas mal de mon physique. C'est tout de même frustrant : la seule fille à qui j'accorde toute mon attention se moque totalement de mes yeux ambrés, de ma grande taille ou de mon sourire qui fait tomber celles de mon lycée...

J'enfile ma veste en cuir et attrape mon casque de moto, avant de sortir précipitamment de ma chambre. En bas, ma mère grignote ses graines de chiasse, ou un truc dans le genre. Mis à part le fait qu'elle se soucie toujours de sa ligne et de la mienne, c'est une femme plutôt cool, pour une mère. Elle me laisse organiser des fêtes, inviter mes potes quand je veux, elle assiste à tous mes matchs de basket et est de loin ma plus grande fan...

— Tu vas où ? demande-t-elle en me lançant un regard entendu.

J'embrasse son front en lui piquant une graine, ce qui la fait grimacer.

— Il ne vaut mieux pas que tu le saches ! J'en entendrais parler jusqu'à ma mort !

Je sors en claquant la porte d'entrée derrière moi, sans pouvoir m'empêcher de sourire. J'ai déjà hâte d'y être... Je grimpe sur ma bécane et fais vrombir le moteur. Je mets mon casque et démarre en trombe en dérapant à la sortie de mon allée, le cœur léger.

* * *

Je grimpe les marches quatre à quatre et atterris rapidement devant la chambre 208, totalement essoufflé. On dirait un vieux qui vient de faire le marathon de New York ! Avant de frapper, je lisse ma chemise une énième fois, et arrange ma tignasse du mieux que je peux. Je cogne trois petits coups à la porte, et j'entends quelqu'un s'agiter dans la pièce adjacente. Enfin, elle ouvre. Ses yeux bleu nuit captivent immédiatement mon regard. Elle s'est maquillée, ce soir. Ses paupières sont surlignées d'un trait fin d'eye-liner, et ses lèvres sont rosies et brillantes. Elle a laissé ses ondulations sombres descendre le long de son dos, lui donnant un air de déesse égyptienne. Elle m'invite à entrer d'un regard timide, ce que je fais sans tarder.

— Tu es venu.

Je lui lance un sourire ravageur avant de m'affaler sur le lit, sous son air désapprobateur.

— Mes plans tombent toujours à l'eau pour toi, Nina.

Elle lève les yeux au ciel et décroise les bras en s'approchant de moi. Elle tapote mes cuisses pour me demander de me décaler et s'installe à mes côtés. Putain, si Kenzo savait que je suis là, il péterait un câble, c'est sûr ! Il détruirait sûrement ma gueule d'ange en m'insultant de tous les noms. Il me détesterait pendant quelque temps... Mais il reviendrait, parce que c'est comme ça entre nous.

J'observe Nina en biais, tandis qu'elle allume la télévision. Si normalement, sa carnation fait d'elle une fille bronzée, le temps qu'elle passe enfermée ici l'a rendu blanche comme un linge. Tous ses gestes sont délicats, presque fragiles. Son corps se secoue de spasmes qui me font sourire. Elle tourne la tête vers moi et je me perds dans ses yeux.

— J'adore cet acteur...

Je hoche la tête en levant les yeux vers le film qu'elle a lancé. Pirates des Caraïbes...

— Johnny Depp ?

Elle soupire d'aise, comme si j'avais prononcé le mot qu'il fallait. Ses yeux se lèvent vers le plafond, et me donnent envie de plonger dedans, de les observer jusqu'à ce que les miens se ferment pour toujours. Pardon mec ? Depuis quand t'es aussi niais ?!

Quelqu'un Pour ToiWhere stories live. Discover now