Who do you love ? [TERMINÉE]

Chapitre 89

Mes iris ne pouvaient se détacher de cette barrière rouge sang qui nous faisait face. Ce feu si dense me fit reculer très brusquement dans mes lointains souvenirs. Je me revoyais en face de Rosko, désorientée et apeurée. Lui, bordant un sourire éclatant et me montrant ses nouvelles capacités, qu'il s'était approprié en nous dérobant Gabis.

Comment avais-je pu oublier ça ? Mon cœur s'affola subitement, ce qui alarma Ceylan devant moi. Je m'en voulais tellement parce que j'en avais parlé à personne. Aucun membre de notre meute ne savait que Rosko était devenu un Omawé lui aussi. Le traumatisme avait effacé pas mal de détails de cette journée, dont celui-ci, le plus important..

Derrière ce brasier, je vis quelqu'un arriver lentement. Les sensations dans mon corps étaient claires et précises, il s'agissait bien de lui. Je reconnaissais cette carrure fier et dominatrice qui n'avait aucune pitié pour personne. Plus il avançait et plus ses flammes se baissaient, s'éteignaient, laissant l'homme apparaître entièrement sous nos yeux.

Son rire sadique résonnait tout autour de nous, me donnant une chair de poule incroyable. Je ne pouvais nier l'effet que cet homme avait sur moi, mais également sur son environnement. La forêt qui semblait si lumineuse encore avant, s'assombrissait progressivement. Une tension inimaginable prédominait l'atmosphère.

Les mains dans les poches d'une manière insolente, Rosko releva enfin son regard accompagné d'un rictus. J'adorais ce sourire et je me maudissais pour cela. Ceylan, qui se trouvait toujours devant moi, serrait les poings. Son corps entier se tendait d'avantage de la tête aux pieds. Il était en position de défense et s'était même décalé, de sorte à ce que Rosko ne puisse pas me voir. Je sentis aussitôt ce sentiment de frustration qui envahissait l'alpha de feu.

- Ceylan.. enfin on se revoit. Ça faisait un petit moment quand même, je n'ai pas eu l'occasion de te voir autant que ma belle Keren. Il terminait tout en le narguant.

J'avais peur pour Ceylan. Il était déjà naturellement impulsif, mais quand on le piquait avec moi, c'était bien pire. Cependant, je le vis se remettre droit et bomber le torse fièrement.

- Effectivement, j'étais trop occupée à lui faire des gosses, à ta belle Keren. Il répondit sèchement, tout en insistant sur la fin.

Une vague de haine m'étouffa.

- Bien sûr, en criant mon nom. Rosko se défendit.

Cette fois-ci, ce fut une tornade remplie d'animosité qui venait de rejoindre la partie. Je ne pus soutenir ce trop-plein de sensation désagréable. Ma tête tournait violemment, j'avais l'impression de sentir mon cerveau frapper contre mon crâne. C'était insoutenable.

Ceylan grogna d'une manière, dont je ne l'avais jamais entendu faire. C'était un grondement menaçant, il le mettait en garde. Il n'hésiterait pas à se jeter sur lui, s'il disait un mot de travers de plus. Je ne pouvais pas voir son visage, mais au vu de celui de Rosko, cela ne devait pas être beau. Rosko riait sournoisement, il savait qu'il avait tapé en plein dans le mile.

Un sentiment inconfortable s'installait en moi, me remémorant ce jour où j'avais malencontreusement appelé mon âme par le nom de son ennemi juré. S'il y avait bien une chose que je regrettais amèrement, c'était bien ça. Je n'appréciais pas le fait que Rosko puisse remettre cela sur la table. C'était embarrassant.

- Que nous vaux ton ennuyeuse présence ? N'as-tu pas des troupes à préparer ?

- Ne t'en fais pas, Keren n'est pas celle qui m'intéresse aujourd'hui. Il avouait tout en se déplaçant sur notre gauche. Non, je me suis dit que j'allais venir jouer avec toi encore un peu avant la bataille finale.