Chapitre 90

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Point de vue Rosko :

Je sentais son regard sur moi, me regardant partir sans rien dire pour une fois. Sa peine était perceptible et quelque part, ça me rassurait. Le lien était toujours là. J'avais beau être venu pour tourmenter cette enflure de Ceylan, j'avais également souhaité renforcer celui-ci. Je ne voulais pas qu'elle m'oublie, qu'elle se rapproche d'avantage de lui. J'avais bien remarqué que leur lien était différent des autres. C'est pourquoi, je n'avais pas le droit à l'erreur.

Ceylan devait douter, avoir peur et être dans la tourmente. Ainsi, il aurait plus de mal à se concentrer. Il prendrait de mauvais choix et les chances de mon côté, seraient plus élevées. Il avait beau agir comme un dur à cuir, pour qui, aucune personne n'était apte à atteindre. Je savais très bien que Keren était sa plus grande faiblesse, tout comme moi finalement. La voir en désirer un autre, ça le ravageait plus qu'il ne le montrait.

De toute cette situation, ce qui m'avait le plus marqué malgré moi, c'était cette dernière phrase qu'il avait prononcé. L'original ne valait pas la copie ? Pourquoi j'avais l'impression que cette merde me suivait partout où j'allais ?

Un grondement fit vibrer tout mon être. Je laissais mon bras droit se reposer vulgairement sur un arbre touché par la vieillesse. La mâchoire serrée, je ne pus empêcher mes souvenirs de reprendre le dessus. Même mort, il arrivait à me hanter.

Mon père.

Flashback (10 ans en arrière) :

Je suais, tremblais de tout mon être. La lumière résidait peu dans cette pièce, c'était ma punition pour avoir perdu face à mon cousin Hazer. L'air manquait et ma tête se faisait un malin plaisir à m'irriter. Je les entendais tous rire et se moquer de moi, mais était-ce réel ?

Couché dans un coin, je laissais une vague de pensée me percuter de plein fouet. Il ne me parlait toujours que de cette compétition entre Hazer et moi. Devant les autres, il faisait toujours comme si mon cousin était le meilleur fils du monde, alors que par-derrière il le tuait de façon sanglante. J'en perdais la tête. Je n'avais seulement que 14 ans, et pourtant, j'étais déjà inondé d'un égarement sans fin. À cette âge-là, n'était-on pas sensé nous amuser ? Je n'étais même pas sûr de savoir ce que ce mot signifiait réellement.

Hazer, celui-ci avait eu la chance, du moins pour lui, de naître avec un gêne qui ne m'était destiné à moi seulement. Enfin, c'est ce que je pensais. Mon oncle était le bêta de la meute, mais son fils avait hérité d'un gêne d'alpha. Je devais donc constamment me battre, pour être plus fort que lui. Mon paternel, alpha de notre meute, me rabâchait sans cesse de le surpasser.

Je faisais de mon mieux, je copiais ses entraînements, ses faits et gestes. Pourtant, il se trouvait toujours autant être plus puissant que moi. C'était frustrant, sachant que nous avions le même âge. Il me détestait, alors que moi secrètement, je l'enviais et l'adulais presque.

Je me posais souvent la même question. Pourquoi avoir offert un gêne comme celui-ci à quelqu'un qui n'avait aucun parent de ce rang ? Était-ce le ciel qui s'acharnait contre moi ? Je n'en bavais déjà pas assez avec mon père ?

La porte m'interrompit dans mes songes. Je ne bougeais pas d'un poil, malgré la lumière qui venait d'entrer davantage dans ce lieu aussi glauque qu'une cave non entretenue. L'aura de mon paternel me fit remarquer qu'il s'agissait de lui. Je me levais finalement, lui faisant face. Lorsqu'il vit mon regard, un rictus presque maléfique s'étira sur ses lèvres. Il avait toujours aimé mes yeux pour je ne savais quelle raison.

Who do you love ? [TERMINÉE]Where stories live. Discover now