Chapitre 13

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Cassandre

Je me précipite dans la salle de bain, après avoir jeté comme il se doit sur mon bureau la fidèle enveloppe que Nathan m'a fourrée dans les mains, et qui me rappelle que je ne suis qu'un simple jouet dont il se sert selon son bon vouloir. Le corps penché au dessus de la cuvette, je vomis l'intégralité de ce que j'ai avalé du bout des lèvres, il y a moins d'une heure. Les yeux gorgés de larmes, l'œsophage douloureux, je laisse mon estomac se vider entièrement. Fébrilement, je me redresse puis avec des gestes d'une lenteur affolante, je me déshabille en prenant soin de balancer hors de ma vue ces fichus sous-vêtements que je ne suis pas prêtre à enfiler de nouveau. Je me poste sous la douche, la gorge nouée. Prise de frénésie, je frotte énergiquement mon corps avec du gel douche mais l'odeur particulière du parfum de Nathan, aux notes boisées et de pamplemousse persiste à me coller à la peau. A bout de force, dans un sanglot, je glisse sans aucune grâce contre la paroi de la douche, me retrouvant ainsi lamentablement assise sur les fesses. Les bras noués autour de mes jambes, je laisse l'eau dégringoler sur ma tête en espérant au plus profond de mon âme qu'elle me purifie, qu'elle ôte cette désagréable sensation de son sexe en moi, de sa main enserrant ma gorge. Je me remémore ce début de soirée, à la Galerie d'Art. Je me revois parler cordialement avec Blaise, une conversation animée sur la peinture agrémentée de nombreux rires, puisque ce jeune homme possède un humour débordant, mais à aucun moment, je ne me souviens avoir flirter avec lui. Peut-être l'ai-je fait sans m'en rendre compte ? Je n'aurais sans doute pas dû répondre avec autant de conviction à ses remarques, je n'aurai pas dû exposer si vivement ma joie de parler avec un garçon intéressant, qui plus est un artiste vraiment talentueux. Furieuse d'avoir subit la colère de Nathan, je sermonne Louna qui m'a entraîné à cette soirée ou j'ai malheureusement rencontré ces deux filles qui ont bouleversé ma paisible existence. Puis je m'en veux aussitôt. Louna n'a rien à voir dans tout ça, je ne dois m'en prendre qu'à moi. Si je n'avais pas couru chez Samantha comme un bon toutou, à l'heure qu'il est, je serais en compagnie de Julian, et non pas en train de me morfondre dans cette douche sur mon triste sort. Mon cœur accélère ses battements au souvenir de ce garçon, me prouvant qu'il bat encore dans mon corps si dévasté. Je m'accroche à l'image de Julian, à ses yeux si clairs, à son adorable timidité lorsqu'il est avec moi et malgré mon désarroi, ma bouche s'étire en un timide sourire. Je reprends un peu le contrôle de mes émotions, les jambes me portant à peine, je m'enroule dans un peignoir. La buée sur le miroir m'empêche d'y voir le reflet de cette fille que je hais, celle qui ment à ses amis et qui, comble de tout, se retrouve dans une situation qu'elle a tout bonnement engendrer par un comportement d'une puérilité exaspérante.

Samantha a raison, je ne suis qu'une pauvre naïve.

Je brosse mes dents avant de badigeonner mon cou, où sévissent encore quelques marques rougeâtres, d'une grosse quantité de crème hydratante. Lessivée, je m'allonge mollement dans mon lit puis je rabat sur moi ma grosse couette. Les yeux grands ouverts, j'essaie de  relativiser, de calmer le tremblement incessant de tous mes membres. Mes larmes coulent encore sur mes joues jusqu'à s'échouer sur mon oreiller, des larmes qui n'arrivent pas à se tarir. Pourtant, un temps indéterminé plus tard, je cligne des paupières, épuisée. Je quitte ce monde pour un autre, pas très différent de celui dans lequel j'évolue depuis quelques heures. Un monde où Nathan Pratton est le personnage principal, un univers où je suis son esclave, un sombre théâtre où je tiens ce rôle peu reluisant de la vilaine marionnette. C'est une main caressant doucement mon visage qui me sort de ce cauchemar. Je me redresse en sursaut, le front en sueur, le corps moite.

— Waouh ! Du calme ma belle !

Le visage jovial de Louna apparaît alors dans mon champ de vision. Comme si je ne l'avais pas vu depuis des lustres, je me jette à son cou. J'ai besoin de me raccrocher à un visage amical, à une odeur familière.

l'emprise des sensWhere stories live. Discover now