l'emprise des sens

Chapitre 21

Julian

Après m'être fait jeter comme une merde par Cassandre, je n'ai qu'une envie, me bourrer la gueule. Trouver une fête où m'incruster n'est pas le plus compliqué. On sait tous comment ça fonctionne. Un invité ramène des potes, qui eux mêmes en ramènent et finalement la baraque pullule d'un tas de connards qui finissent sur le sol, complètement bourrés. Debout contre un mur, une bière dans la main, je jette un œil à tous ces abrutis qui font la teuf comme si c'était leur dernière soirée. Je ne connais pas le quart de tout ceux qui traînent ici, et je n'en apprécie aucun, sauf mes deux potes à qui j'ai demandé de me rejoindre. Tout dans cette baraque pue le fric, de ses pétasses complètement éméchées à ces blondinets en polo. Comme eux, je suis un de ces gosses de riche que je déteste par dessus tout, mais j'essaie de chasser cette tare de mon quotidien. Heureusement pour moi, seuls Kevin et Tony sont au courant de ce petit travers. Je ne veux surtout pas étaler l'argent de mes vieux et me mêler à ces connards qui n'ont aucune valeur morale, qui profitent de la notoriété de leur nom de famille. Moi je préfère passer pour un étudiant lambda.

Ma petite vie incognito me sied d'ailleurs parfaitement.

J'avale une gorgée de bière, mais la boule qui enserre ma trachée m'empêche d'en apprécier véritablement le goût. Je n'arrive pas à me sortir cette nana de la tête, c'est un vrai challenge pour mon cœur piqueté d'amertume. Je me repasse en boucle ma conversation avec Cassandre, mes doutes se renforçant davantage à chacune de mes introspections. Ce n'était pas la fille que j'ai rencontré, elle en avait l'apparence physique, mais son âme était noircie par je ne sais quelles conneries. Les larmes que j'ai vu couler sur ses joues et cette tristesse dans ses yeux en sont bien la preuve.

— Salut toi !

Je tourne les yeux vers cette fille à la voix rocailleuse, qui vient de se pendre à mon bras avec une idée bien précise en tête. Je jette un regard rapide à son décolleté proéminent qu'elle étale sans pudeur et revient sur son visage assez joli. Il y a quelques jours, j'aurais accepté son invitation sans hésiter, mais aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur.

— Et si t'allais voir ailleurs si j'y suis ! je rétorque d'un air blasé.

Il n'en faut pas plus à cette gonzesse pour déguerpir, après m'avoir jeté un regard noir.

— À ce rythme là, tu vas finir moine, lance Kevin en se marrant comme un con.

— T'en fais pas pour moi !

Nouveau brassage de foule, pour éviter les sempiternelles inepties de mon pote sur mon récent sevrage en matière de baise, et collision sur une silhouette que je reconnais. C'est la meilleure amie de Cassandre, la métisse plutôt bien roulée. Au même instant, elle tourne la tête dans ma direction et fronce les sourcils avant de s'avancer vers moi, en un déhanchement prononcé. Mes potes ne manquent soudain pas d'intérêt pour cette nana à la robe hyper moulante qui se poste devant moi. Ils bombent rapidement le torse tandis que leurs yeux s'écarquillent, comme deux puceaux en rut, sur la silhouette de la nouvelle venue. Je crois même apercevoir un peu de bave sur le coin de la bouche de Tony. J'y crois pas !

— Salut ! Julian c'est ça ?

— Ouais !

— Je suis Louna, la meilleure amie de Cassandre. Tu te souviens de moi ?