Chapitre 30

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Cassandre

Ses lèvres sont telles que dans mes souvenirs, douces, chaudes, exquises. Je les laisse suçoter ma bouche, la choyer délicatement. Ce baiser n'a rien de pressant, c'est simplement une voluptueuse caresse qui m'étourdit agréablement. Je ne voulais pas en arriver là. Je viens de rompre la promesse faite à Nathan, mais je n'arrive pas à me détacher de ce butinement absolument divin.

— On ne devrait pas faire ça, murmuré-je entre deux baisers.

Julian se détache de mes lèvres quelques secondes, le temps de conquérir mon regard de ses yeux clairs :

— Alors repousse-moi !

Soudoyée par l'intensité de son regard, je suis incapable de répondre, et encore moins de le repousser, même si ça me semble être la meilleure solution pour nous deux. Julian décide que mon temps de réflexion est révolu et s'empare à nouveau goulûment de mes lèvres entrouvertes. Les yeux fermés, je m'accroche à son tee-shirt. Je laisse ses baisers provoquer une multitude de délicieuses sensations dans mon corps, ce même corps désormais en chiffon, qui réclame beaucoup plus. Ses lèvres parcourent ma joue, survolent mon cou puis reprennent possession de mes lippes. Sans attendre, je lui cède ma langue dans un long gémissement, mes mains remontant lentement le long de son torse. Ses muscles se tendent sous mes doigts, sa respiration s'accélère lorsque j'effleure l'ébauche de son tatouage. Je ne suis plus maîtresse de mes sentiments, ma raison m'abandonne dans cette ruelle. Comment puis-je être attirée de la sorte par deux hommes ? Julian n'est que pure douceur, ses caresses me liquéfient. Nathan possède ce charisme, cette assurance qui me fascine. Pour le moment, j'oublie cet homme énigmatique et intransigeant, pour me focaliser sur celui qui m'enveloppe tel un cocon. Je sais au plus profond de moi que je n'agis pas comme il se doit, mais je m'en fiche. J'ai perdu tout pouvoir sur ma lucidité, sur ma capacité à stopper cette étreinte. Je fais pression sur la nuque de Julian afin de le sentir plus près de mon corps. Ses mains englobent mon visage, sa langue invite la mienne dans une danse sensuelle, affolante, grisante. Je soupire tout en me collant contre ce torse qui me réchauffe instantanément. La caresse de ses doigts qui s'aventurent subtilement sous mon polo anéanti toute résistance. Je suis prête à me donner à lui dans cet endroit sombre, maintenant, sans plus de cérémonie. Pourtant la sonnerie de mon téléphone résonne dans le silence de la nuit, couvrant le bruit de nos soupirs. Avant de regarder l'écran, je sais qui est à l'origine de ce message qui apparaît comme une mise-en-garde. Je pose mes mains sur le torse de Julian pour le repousser, et fixe la rue principale de peur d'y voir arriver la voiture de Nathan. Je prends une longue inspiration tout en attrapant mon portable dans mon sac. Je constate avec effroi qu'il s'agit bien de lui.

OU ES-TU ?

Les mains tremblantes, je cherche rapidement une parade pertinente pour contrer son innocente question, qui j'en suis pratiquement certaine, n'a rien d'anodine.

JE SUIS PRESQUE ARRIVE AU CAMPUS

Julian me scrute, les yeux plissés, la bouche étirée en un rictus excédé. Avant que je ne me justifie, il prononce d'une voix dure et amère :

— Un simple texto et te voilà sur tes gardes. Tu trouves ça normal ?

Je baisse les yeux, honteuse de mon comportement. Non seulement, j'ai laissé mes pulsions me contrôler au point de lui céder mon corps dans cette ruelle, mais je l'ai blessé en m'évinçant brutalement de ses bras.

— Cassandre ! ajoute-t-il d'une voix plus douce en levant mon menton vers lui. Ne laisse pas ce mec faire ce qu'il veut de toi !

Je secoue la tête, les yeux maintenant remplis de larmes. Je sais qu'il a raison, que je suis son esclave. Ce qu'il ignore, et que je ne vais certainement pas lui avouer, c'est que je l'ai accepté de mon plein gré. Un autre message s'affiche sur mon écran, m'obligeant une seconde fois à rompre le contact de ses doigts contre ma peau.

l'emprise des sensWhere stories live. Discover now