Chapitre 3

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Cassandre

Voilà dix minutes que l'eau de la douche dégringole sur mon corps pour s'évacuer dans la canalisation. J'espère de tout mon cœur que ce sentiment de n'être qu'une allumeuse s'y engouffre également, mais rien n'y fait. Mon attitude de débauchée et de fille facile persiste à me coller à la peau comme un vieux chewing-gum sous la semelle d'une chaussure. J'envoie mon pied s'écraser contre la paroi de la cabine, ce qui ajoute une douleur supplémentaire à mon état de stress post-soirée d'étudiants, et me force à quitter enfin cette douche en grimaçant de douleur. La peau fripée comme celle d'un Sharpeï, je m'enroule dans un peignoir avant de m'écrouler sur le lit. Je me recroqueville en position de fœtus afin de chercher un peu de réconfort, mais ces pensées qui dérivent à chaque fois vers Julian me font soupirer. C'est bien la première fois que mon corps réagit avec cette arrogance à la présence d'un homme. Je me revois faire glisser mes doigts contre son torse ferme, sur sa peau lisse et douce. Ce souvenir engendre un frisson qui parcoure ma peau, de la pointe de mes seins à l'intérieur de mes cuisses. Je resserre mes jambes l'une contre l'autre en mordillant ma lèvre. Cette excitation n'est pas dans mes habitudes, je dois simplement rêver. Je secoue la tête pour chasser cette sensation de malaise qui s'imprime dans mon cerveau, mais c'est peine perdu, son regard de braise persiste à s'y ancrer fermement. Je suis parfaitement consciente qu'il n'était pas insensible, qu'il me désirait, et j'en éprouve une réelle satisfaction. Avoir ce genre de pouvoir sur un homme est grisant.

Mais qu'est-ce qui me prend de me laisser berner par ces vilaines pensées ?

Je me redresse subitement, honteuse d'avoir classé mon pragmatisme dans un coin reculé de ma tête. Cette soirée m'a retourné le cerveau, je ne vois pas d'autres explications. Je me lève en furie, puis j'arpente ma chambre de long en large en tentant de retrouver un peu de lucidité. Ma conversation avec Louna, quant au fait que j'attire les regards masculins, s'incruste alors sournoisement dans ma tête. Pour couronner le tout, la proposition des deux filles vient s'y ajouter. Le mot escorte scintille en lettres de feu devant mes yeux. Les mains sur le visage, je pousse un léger cri de frustration tout en continuant d'abîmer le sol de ma chambre par mes va-et-vient incessants.

Cette idée saugrenue ne peut-elle pas sortir de ma tête.

Même avec la plus grande volonté du monde, je ne trouve pas de réelles excuses pour décliner cette offre. Pourquoi refuser d'accompagner des hommes riches dans des restaurants de luxe, ou à des expositions, en compensation d'une belle somme d'argent ?

Parce que tu n'as pas le temps pour ça ! grogne la petite part en moi qui tente de me faire garder les pieds sur terre.

Ok ! Mais j'ai besoin de cet argent. Et puis, Louna a sans doute raison, je devrais lâcher la bride de temps en temps, le week-end par exemple. Mais je déraille complétement, je ne veux pas réellement m'engager dans ce genre de "mission", c'est n'importe quoi.

Peut-être devrais-je demander son avis à Louna ?

Mauvaise idée, je risque de déclencher une guerre verbale dont je ne suis pas sûre de sortir vivante. Je prends ma tête entre mes mains en pestant. Mais pourquoi fallait-il que je mette les pieds là bas ? Si je n'avais pas rencontré ces deux filles, à l'heure qu'il est, je serais en train de réviser mes cours plutôt que de me triturer l'esprit avec cette proposition débile. Pourtant plus j'y réfléchis, et plus j'y décèle des avantages non négligeables, surtout cette histoire d'argent par laquelle je me laisse séduire sournoisement. Après tout, je ne ferais rien de mal. J'accompagnerais simplement un homme à une soirée, je lui montrerais à quel point je suis sociable et intelligente, et le tout sera pimenté par un charmant petit chèque qui fera le plus grand bien à mon compte en banque, mais également à ma petite personne.

l'emprise des sensTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang