Chapitre 18

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Cassandre

Les mains posées sur ma bouche afin de retenir mes sanglots, je gravis les escaliers aussi vite que mes jambes me le permettent. La porte de ma chambre franchie, je m'effondre sur le lit, le cœur meurtrit et un sentiment de honte ancré au plus profond de moi.

Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

Je me remémore le regard remplit d'incompréhension de Julian lorsque je lui ai lâchement fait savoir que je ne voulais plus le revoir. Je n'avais aucune intention de le faire souffrir, mais un certain Monsieur Pratton m'y a gentiment obligé. Le message que j'ai reçu était des plus explicite sur la démarche à suivre.

TU TE FOUS DE MOI ! DEBARASSE-TOI DE CE MEC UNE BONNE FOIS POUR TOUTE OU C'EST MOI QUI LE FERAIT !

Je n'ai pas réfléchis longtemps. Je préférais me charger moi même d'éloigner Julian de ma vie, que de donner à Nathan l'occasion de s'en occuper. Je me sens ignoble d'avoir succombé à cet affreux chantage, surtout après le baiser que nous avons échangé, et qui a réanimé cette petite flamme qui persiste à briller dans mon cœur. Julian revêt maintenant le costume de la pauvre victime, ce qui ajoute une part supplémentaire de mauvaise conscience à mon sac déjà bien remplit de culpabilité.

J'avais raison, je ne suis pas une personne digne de lui.

La mort dans l'âme, je rejoins la salle de bain pour passer de l'eau froide sur mon visage souillé de larmes. Il ne me reste qu'à plonger sous ma couette pour tenter d'oublier Julian et tout le mal que je lui ai infligé. Malheureusement, mes projets tombent à l'eau. Alors que je déboutonne mon jean, un message arrive sur mon portable.

JE T'ATTENDS SUR LE PARKING ! PRENDS DES AFFAIRES, TU RESTES CHEZ MOI CETTE NUIT ! NOUS AVONS DES CHOSES A REGLER !

Mon souffle se coupe instantanément. Non seulement, Nathan guette mes faits et gestes, mais il a également assisté à cette misérable rupture, tapi dans sa voiture. Ma première réaction est d'ignorer son message, je n'ai aucune envie de faire face à cette mise au point dont il me parle. Je devine que je vais payer les pots cassés pour lui avoir désobéit. Le souvenir douloureux de ce qui a suivit le vernissage me tourmente encore, je ne suis pas prête à me confronter de nouveau à sa colère. Pourtant, cet autre texto me dissuade de lui faire faux bond.

DEPÊCHE-TOI OU JE MONTE TE CHERCHER !

Je ne cherche pas à le froisser encore une fois. Ni une ni deux, je prépare rapidement un sac, dans lequel je fourre des affaires de toilette, un pyjama et des vêtements propres, puisque Nathan ne me laisse pas le temps de me changer. Le rapide coup d'œil que je jette dans le miroir avant de l'affronter ne me rassure pas. J'y vois le reflet d'une fille esseulée, prisonnière de ses propres mensonges, une fille à la merci d'un homme pour qui elle est prête à tout sacrifier. Je ravale la boule de turpitude qui bloque ma trachée puis j'attrape mon sac avant de le rejoindre...une fois encore. Dés que je mets un pied hors du bâtiment, les phares de sa voiture s'allument me rappelant qu'il est bien là, qu'il ne m'a pas oublié. D'un pas incertain, je m'avance vers la berline dont le coffre s'ouvre pour me permettre d'y déposer mon bagage. Le coeur tambourinant, l'estomac en vrac, je m'installe sur le siège passager. Ce qui me surprend, ce sont ses traits tirés lorsqu'il tourne son visage vers moi. La cravate dénouée, le premier bouton de sa chemise enlevé, Nathan paraît fatigué, mais aucune animosité transperce dans son regard. Sa main caresse lentement ma joue me faisant frissonner. J'esquisse un léger sourire auquel il ne répond pas. Sans un mot, il retire sa main et détourne les yeux, m'infligeant ainsi les prémices de sa punition. Mon sourire disparaît alors que la voiture quitte son emplacement puis sillonne la ville pour nous conduire jusque chez lui. Pas une seule fois, il ne tourne son visage vers moi, pas un mot ne franchit ses lèvres. Je n'ose pas non plus prononcer la moindre parole, qui semblerait dépassée au vue des circonstances et qui ne ferait que décupler sa colère. Car oui, il est en colère, mais il ne le montre pas encore, tout se passera en subtilité comme d'habitude.

l'emprise des sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant