Chapitre 15*

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Cassandre

J'étais pratiquement certaine que Nathan m'emmènerait chez lui, pourtant ce n'est pas ce chemin qu'il empreinte. Les mains crispées sur le volant, le regard focalisé sur la route, il roule en direction du campus. Je devrais en être soulagée, mais c'est un sentiment de déception qui m'habite. Le dessert qu'il m'a promit n'est pas celui auquel je pensais. Pourquoi, alors que la veille, il m'a prise de force, m'inspire-t-il ces pensées salaces ?

Tout ne tourne pas rond dans ma tête quand je suis près de lui.

Une fois stationné devant le bâtiment où je loge, Nathan coupe le moteur. Son fameux sourire charmeur sur les lèvres, il se tourne vers moi. Toute trace d'animosité semble avoir quitté ses traits si parfaits, comme si ce qu'il s'était passé au restaurant n'est qu'un lointain souvenir.

— Et si tu me montrais ta chambre ?

Abasourdie par sa demande d'une absurdité affolante, j'éclate de rire.

— Tu n'es pas sérieux. Quelqu'un pourrait te voir.

— Il est plus de vingt-deux heures, la moitié du campus doit dormir.

Je le regarde avec des yeux ronds, ahurie par l'air déterminé joliment peint sur son visage, et qui m'indique clairement qu'il ne lâchera pas l'affaire aussi facilement.

— Juste cinq minutes, je me ferai discret. Ça me rappellera de bons souvenirs, il fut un temps où j'étais étudiant aussi.

Je lève un sourcils circonspect. Je doute que cet homme si charismatique et d'une incomparable beauté puisse passer inaperçu quelque part. Incapable de résister à la bouille enfantine qu'il affiche, je lui concède finalement l'accès à ma chambre.

— Cinq minutes, pas une de plus.

— Parole de scout ! affirme-t-il d'un air sérieux en levant la main droite.

Je secoue la tête en pouffant puis je descends de la voiture. Le trajet jusque ma chambre s'apparente à une véritable scène de film à suspense. Les yeux inspectant chaque recoin, l'allure presque fantomatique pour ne pas générer le moindre bruit dans les escaliers, j'avance dans les couloirs, suivie de près par un Nathan que cette situation n'indispose aucunement. Lorsque je franchis enfin la limite de ma chambre, je laisse un long soupir s'échapper de ma gorge.

— Saperlotte ! juré-je en m'écroulant contre la porte.

Ce juron ridiculement ridicule, venu d'un coin très reculé de mon cerveau, qui marche au ralenti depuis cinq bonnes minutes, arrache un rire tonitruant à Nathan. Bien que se soit la première fois que je le vois réagir avec autant de naturel, je me précipite vers lui pour poser ma main sur sa bouche.

— Tu veux vraiment que ma voisine nous entende ?

— Elle n'est pas près de dormir, si tu veux mon avis, rétorque-t-il en retirant ma main sur laquelle il dépose un léger baiser.

Je déglutis, la gorge soudain aussi sèche qu'un désert aride. Les pommettes enflammées, je cherche dans ses yeux le sens caché de sa remarque.

Monsieur s'adonne aux énigmes ce soir.

Un petit sourire satanique étire ses lèvres, puis il s'éloigne pour inspecter de plus près l'intérieur de mon petit deux pièces. Il s'empare de quelques livres abandonnés sur mon bureau, feuillette mes classeurs de cours, s'avance près du lit qu'il fixe quelques instants avant de se tourner vers moi, ce qui me fait subitement frémir. Appuyée contre le mur, les mains derrière le dos, je l'observe errer dans  ma chambre, sa haute stature s'imposant dans cette minuscule pièce de seize mètres carrés. Comme totalement hors de son environnement, cet homme à l'impeccable costume trois pièces marque de son sceau les seuls biens que je possède, s'immisçant discrètement dans mon intimité. Lorsqu'il s'avance vers moi d'une allure féline, mon corps s'arque instinctivement. Ses mains emprisonnent les miennes derrière mon dos, me rapprochant dangereusement de lui, ses yeux bleus investissent frauduleusement mon regard. Le ventre collé contre une partie dure de son anatomie, je ne suis plus qu'un vulgaire morceau de viande dénué de cerveau qu'il dévore sans scrupule. D'un geste d'une douceur terrifiante, il dépose une traînée de baisers sur ma joue avant de jouer avec ma lèvre qu'il aspire puis qu'il mordille gentiment.

l'emprise des sensWhere stories live. Discover now