Chapitre 17

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Julian

Allongé sur mon lit, mon téléphone entre les mains, je lance un coup d'œil désespéré à mes deux potes qui s'affrontent sur fifa comme deux ados prépubères. Leur QI bien en dessous de la moyenne, seuls des « connard » ou « enculé » fusent autour d'eux comme des feux d'artifice, quand l'un ou l'autre marque un but. Je les laisse s'entretuer verbalement et je surfe un peu sur les réseaux sociaux, mais sans grande conviction, puisque mon esprit est accaparé depuis cette putain de fête par une jolie blonde qui me file pas mal de soucis. Le besoin de la sentir contre moi gangrène méchamment mon cerveau, je ressens un manque inconsidéré pour sa petite personne. J'attends son coup de fil comme un con, mais en vain, pas un appel, pas un message, rien. J'ai tenté de l'appeler à mon tour, mais sans résultats. Peut-être ne veut-elle pas me revoir ? Cette solution est envisageable au vue de la soirée de merde que je lui ai fait passer, je n'ai pas du tout été à la hauteur. J'ai plombé l'ambiance en quelques minutes en lui parlant de sa mère. Ouais, ok ! Je ne savais pas qu'elle est décédée, mais j'aurais dû rebondir comme je sais le faire. Je sais montrer mon côté lover d'habitude, ça fonctionne plutôt pas mal, mais avec elle, toutes mes fonctions vitales et intellectuelles sont sur "off". Elle a glissé entre mes doigts sans que je ne réussisse à redresser la situation. Mon espoir est rené un instant sur le parking quand elle m'a embrassé, jusqu'à ce que son foutu téléphone réduise tout en cendres. Je devrais sans doute passer à autre chose, cette nana est beaucoup trop bien pour moi, mais c'est peine perdu, mes pensées ne dévient que vers elle. Pourtant mon doigt stagne depuis trois minutes au dessus de son nom, inscrit sur mon écran, avec l'envie farouche de s'écraser sur cette touche verte. Je ne veux pas jouer au harceleur en l'appelant une seconde fois. Ou alors, je devrais aller faire un tour du côté du bar où elle travaille, avec un peu de chance, elle est de service ce soir. Je deviens pathétique. Au lieu d'aller descendre quelques verres comme je le fais le samedi soir, me voilà, comme un abruti dans ma chambre en train de fantasmer sur une gonzesse qui n'en a sans doute rien à faire de ma gueule. Je me sermonne aussitôt de penser ça, je me trompe forcément sur son compte. Le souvenir de ses baisers ardents et la façon dont son corps s'est liquéfié dans mes bras réanime une lueur d'espoir.

— T'es qu'un noob* Tony ! Je t'ai écrasé comme une merde.

— Je t'ai laissé gagner pour t'éviter la honte d'aller chialer dans les bras de môman.

Je quitte mon répertoire des yeux en soupirant, pour me concentrer sur mes deux idiots de potes qui se lancent des vannes les unes plus débiles que les autres.

— Putain ! Je vais te faire passer l'envie de te foutre de ma gueule.

Sur ces mots, démontrant toute l'intelligence dont il est doté à cet instant, Kevin se rue sur Tony dont il coince la tête sous son bras. Il commence à lui frotter durement le crâne de son poing. Comme je m'y attendais, Tony ne se laisse pas faire et rétorque avec force en se dégageant, puis pousse brutalement Kevin qui atterrit contre moi en hurlant de rire.

— Vous ne pouvez pas grandir un peu les mecs ! je râle en repoussant Kévin.

Ces deux abrutis se lancent un regard de connivence puis continuent de jongler comme si je n'étais pas là. Je me redresse d'un bond, bien décidé à dégager d'ici au plus vite.

— Tu vas où mec ? interroge Kevin en le voyant enfiler mon blouson.

— Je vais faire un tour. Je n'ai pas envie de jouer à la nounou toute la soirée.

l'emprise des sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant