Chapitre 28

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Cassandre

Tel un chat repu et alangui, je me prélasse voluptueusement entre mes draps. Mon index effleure mes lèvres, sur lesquelles les baisers de Nathan perdurent, y laissant une délicieuse sensation et une saveur si particulière. Un sourire extatique étire ma bouche lorsque je repense à cette dernière soirée. Je ne me suis jamais senti aussi femme que dans ses bras. Le sexe avec Nathan est fort, addictif et bouleversant. Seul bémol à cette soirée, cette enveloppe qu'il a glissée entre mes mains. Ce petit geste met mon statut d'escorte sur un piédestal, et me rappelle que notre relation n'est que factice et purement conventionnelle. Certes, il a fait l'impasse sur les gestes tendres, mais ce qu'il m'a offert était si intense, que je ne peux le blâmer pour ce manque de tact. Je commence à connaître cet individu aux sautes d'humeur légendaires.

Nathan reste Nathan, quelque soient les circonstances.

Avec regret, je quitte mon lit douillet pour rejoindre la salle de bain. Tout en me délectant du jet d'eau chaude sur mon corps, je réfléchis à la meilleure façon d'aborder le sujet de Carmen avec Paolo. Je sais qu'il a besoin de moi le samedi, plus que les autres jours, et que je vais probablement le mettre dans l'embarras. Pourtant mon engouement pour cet opéra me pousse à braver ma culpabilité. Maud pourrait très bien assurer le service toute seule, je l'ai moi même géré en soliste pendant presque trois ans sans m'en plaindre. L'esprit plus serein, je me pelotonne dans mon peignoir en éponge et me poste devant mon armoire. Je grimace en inspectant les quelques jeans et chemisiers qui y sont suspendus. A part les deux petites robes, que j'ai acheté sur un coup de tête après mon entrevue avec la sulfureuse Docteur Larson, tout est d'une banalité effrayante. La petite remarque de Nathan, quant à ces boutiques minables dans lesquelles je me vêts, est une perche subtilement tendue pour me contraindre à changer de look. Je comprends qu'il préférerait se pavaner au bras d'une femme élégante qu'à celui d'une étudiante en jeans, lui qui est le raffinement incarné. Cette remise en question me force à enfiler l'une de ses robes, sans conviction tout de même. Je me dépêche de la camoufler sous un manteau, puis je quitte ma chambre, direction le centre-ville. Il est temps pour moi d'égayer ma garde-robe de quelques vêtements plus appropriés à mes futurs rendez-vous avec Nathan. Le savoir satisfait de mon apparence me motive à débuter ce shopping forcé. Mon petit pécule me permet de faire appel à un Uber, chose que je ne peux qu'apprécier.

Les transports en commun le samedi matin sont un véritable enfer.

Ma destination atteinte, je passe sans un regard devant la boutique, où je fais mes habituels achats. Déterminée, je franchis la porte d'une enseigne à la ligne de vêtements plus sophistiquée. Je déambule dans les rayons tout en empilant sur mon bras quantité d'articles qui me plaisent. Quelques essayages plus tard, je sors enfin du magasin, les bras chargés de paquets. Un sourire radieux étire mes lèvres tandis que j'attends sur le trottoir, le Uber que j'ai commandé. Faire du shopping est fastidieux, mais je suis pressée que Nathan découvre mes nouvelles tenues. Mon sourire se fige brusquement, la silhouette de Louna apparaît dans mon champ de vision. Je détourne la tête pour ne pas croiser son regard, mais en vain.

— Salut Cassandre !

Entendre sa voix ne fait que réanimer ma colère, j'aurais préféré ne pas la rencontrer. Les lèvres pincées, je tourne mon visage dans sa direction.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Rien... enfin, je voulais juste savoir comment tu  vas ?

l'emprise des sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant