Chapitre 24

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Nathan

Papa enfile son manteau, il me fait un bisou sur la joue puis il sort de la maison. Maman me prend la main pour regarder papa entrer dans la voiture. Un dernier clin d'œil, et sa voiture disparaît au bout de la rue. Je n'aime pas quand papa s'en va travailler la nuit.

- Allez viens ! me dit maman. Je vais te faire des spaghettis.

J'adore les spaghettis. Je suis maman dans la cuisine et je m'installe sur un tabouret. Maman prépare les pâtes en chantonnant. Elle est jolie. Ses cheveux sont blonds comme le soleil et elle sent bon. Elle s'installe en face de moi et me regarde manger mes spaghettis en souriant. Après le repas, maman et moi on joue à des jeux de société puis je vais me coucher. J'ai un peu peur.

- Il est l'heure de dormir mon cœur.

Maman s'allonge à côté de moi. Elle embrasse mes cheveux et sa main caresse mon ventre doucement, puis se faufile dans mon pantalon de pyjama pour caresser mon zizi. Je n'aime pas quand maman touche mon zizi, après il est tout dur. Je n'aime pas ça. Maman respire fort contre mon oreille.

- Maman t'aime très fort tu sais !

Moi aussi je l'aime très fort...mais pas le soir.
Mes bras et mes jambes sont tendus, je serre les dents. Alors, je regarde les murs de ma chambre pour que ça passe plus vite. Le papier peint avec des voitures est arraché, mais maman l'a recollé avec du scotch. Je regarde mon super-héros sur l'étagère, c'est papa qui l'a acheté pour qu'il veille sur moi. Ça ne marche pas, le soir il ne m'aide pas à me sentir en sécurité. Maman retire enfin sa main . Je respire.

- Surtout ne parle pas de notre petit secret à papa !

- Est-ce que tous les garçons ont un secret avec leur maman ?

- Bien sûr et c'est pour cette raison qu'il ne faut pas en parler aux papas.

- Est-ce que je peux en parler à mes copains ?

- Non ! Un secret est un secret !

Je me redresse, le front en sueur. J'inspire et j'expire à plusieurs reprises pour calmer mon cœur qui cogne comme un acharné dans ma cage thoracique.

Encore ce putain de cauchemar qui perturbe la sérénité de mes nuits.

Un coup d'œil sur l'oreiller voisin me rassure. Cette fois je suis bien seul, aucun témoin de mes désarrois nocturnes. La pitié et la compassion que j'ai aperçu dans le regard de Cassandre m'a rappelé de ne plus inviter de femmes dans mon lit. Cette petite bévue a failli causer ma perte.

Je suis Nathan Pratton, pas un gosse que l'on réconforte après un cauchemar.

D'un geste souple, je quitte mon lit pour rejoindre la salle de bain. Je passe de l'eau fraîche sur mon visage et jette un œil au reflet dans le miroir. A cet instant, ce n'est pas le visage de l'homme d'affaires impitoyable qui me fait face, mais celui d'un homme remplit de rancœur et de haine, une haine qui se distille dans ses veines tel un puissant venin. Ma mère a bousillé mon enfance, elle s'est approprié mon corps sous prétexte qu'elle m'aimait. Aimer son fils ne consiste pas à faire de ses nuits un supplice, à le faire se sentir sale et désorienté . Durant de nombreuses années, plusieurs fois par semaine, elle a fait de moi son objet, jusqu'à ce fameux soir où elle a glissé dans sa culotte ma petite main d'enfant de dix ans. A partir de cet instant, la bête a prit vie dans ma carcasse de garçonnet. Tapie dans l'ombre pendant un long moment, elle s'est brusquement révélée à l'adolescence, plus féroce et insatiable que jamais. Ma mère m'a peut-être donné la vie, mais elle ne m'a inculqué qu'un  profond dégoût pour les individus de son espèce. Maintenant c'est à mon tour de les détruire, surtout lorsqu'elles sont blondes. Écraser les femmes comme de vulgaires insectes ne pose aucun problème à ce monstre qui puise son énergie dans leurs  craintes et leurs angoisses. Cette couleur de cheveux qui me rappelle celle de ma génitrice me donne une raison supplémentaire de les réduire en cendres. Je me nourris de leurs faiblesses, de leurs désillusions, je pompe toute leur vitalité pour me rendre plus fort. Je me délecte de les voir s'éteindre à petit feu, chaque être brisé est une revanche sur mon enfance de merde. Il est loin le temps où je me réveillais dans une chambre aux murs parés d'un vieux papier peint. Mon père préférait s'envoyer en l'air avec des putes plutôt que de tapisser la chambre de son fils unique. Je vis aujourd'hui dans une maison qui embaume le luxe et la richesse. J'ai donné de ma personne pendant des années, je me suis saigné aux quartes veines pour mener ce train de vie, pour me forger cette réputation. Je possède maintenant tout ce que mon père de part ses maigres revenus m'a privé. La richesse m'ouvre toutes les portes, m'octroie le respect et la compagnie de femmes aussi sulfureuses que vénales.

l'emprise des sensOnde histórias criam vida. Descubra agora