Chapitre 20

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Cassandre

Nathan fait aussitôt volte-face, toute trace de contrariété disparu. Je devrais me réjouir de lui avoir ôté cette soudaine morosité, mais la peur de lui dévoiler mes sentiments m'oblige à garder ça pour moi. Je suis persuadée qu'il n'en attendait pas moins de moi, qu'il savait que je m'abandonnerais à lui sans poser de questions. Nul besoin de le satisfaire davantage avec un sourire idiot. Pourtant, lorsqu'il m'attrape sous les fesses pour me soulever, je suis stupéfaite. Naturellement, mes jambes encerclent ses hanches, mes bras se nouent derrière sa nuque. Il franchit les quelques pas qui nous amène à son lit, ce même lit où il m'a ligoté, m'offrant par la même occasion un spectacle dont je me serais bien passé. Délicatement, il me dépose sur les draps en satin puis il se poste au dessus de moi, ses mains de chaque côté de ma tête. Groggy par son corps si proche et à la fois si inaccessible, je laisse mes yeux errer sur ce torse musclé et recouverte d'une légère toison.

— Pour te récompenser d'avoir pris la bonne décision, je vais te faire l'amour. Ce sera la seule et unique fois, puisque lors de nos prochains rendez-vous, je te baiserai.

Mes yeux quittent ses pectoraux pour plonger dans ce regard bleu extrêmement troublant qui me fixe avec beaucoup de sérieux. Je fais abstraction du mot "récompense" pour me concentrer sur cette chaleur qui incendie soudainement mon corps. Le souffle court, je m'apprête à passer entre ses mains expertes, mais sa voix grave résonne à nouveau afin de s'assurer que j'ai bien saisi ses propos.

— Je ne fais pas dans la dentelle, le sexe sage n'est pas pour moi. On s'est bien compris ?

Je déglutis, à la fois excitée et apeurée par ces nouvelles règles du jeu qu'il m'impose. Je hoche la tête, incapable de prendre une décision cohérente quand il se trouve à cinq centimètres de moi, quand son souffle chaud meurt sur ma peau, quand ses yeux d'un bleu intense me caressent de la sorte.

— Dis-le moi clairement ! insiste-t-il de cette voix suave qui me fait frissonner.

— J'ai compris, articulé-je, la gorge sèche.

— Bien ! Je sais que tu ne me décevras pas. Tu n'es pas comme toutes les autres.

Alors que je devrais succomber sans hésitation face à cet aveu, qui envahit délicieusement mes tympans et qui me donne l'impression d'être exceptionnelle à ses yeux, mon discernement décide de pointer le bout de son nez.

— Pourquoi moi ? interrogé-je timidement.

Il se tend brusquement, les yeux plissés par mon effronterie suicidaire.

— Nous sommes obligés de parler de ça maintenant. Est-ce plus important que ce que je m'apprête à te faire ?

— J'ai besoin de savoir que tu ne me jetteras pas dans une semaine comme une vieille chaussette.

Encore une fois, je me suis laissé guider par mon éternel esprit terre-à-terre qui, à voir la tête de Nathan, vient de foutre en l'air tous ses plans. Un rire cynique s'échappe de sa bouche tandis qu'il me prive de la chaleur de son corps pour s'asseoir à côté de moi.

— Qu'est-ce que tu veux ? Un contrat ? Tu as peur de ne pas me soutirer assez de fric, crache-t-il d'un ton haineux.

Transpercée par la lame aiguisée de sa méchanceté, je me redresse. Tout en essayant de garder mon calme face à sa tirade cinglante, que j'ai bien cherchée d'ailleurs, je me tourne vers lui, une jambe repliée sous mes fesses.

— Je me fous de ton argent. Je te parle de transparence.

— Oh bon sang ! Ne joue pas la psy, s'il te plait ! grogne-t-il en se passant les mains sur le visage. D'autres ont essayé avant toi et s'en sont mordus les doigts.

l'emprise des sensWhere stories live. Discover now