Chapitre 41

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Julian

J'ai fait des pieds et des mains pour avoir ce putain de carton doré qui me permettrait d'entrer à cette soirée. J'étais prêt à tout. Marcher pieds nus sur une fourmilière. Faire un face à face avec un lion affamé. Bouffer... des choux de Bruxelles. Rien n'aurait pu m'arrêter pour délivrer Cassandre. Depuis que j'ai découvert, dans le jardin des Garant, ce sac qui contient une partie de sa vie, je suis comme un fou. Alors, j'ai fait la chose la plus insensée à mes yeux. J'ai courbé l'échine devant mon père, pour elle.

Ouais, j'ai fait ça !

Tous les ans, il participe activement à cette soirée, filer un gros chèque lui donne bonne conscience. Pendant dix jours, j'ai joué au garçon modèle pour récupérer ma caisse, mais surtout pour obtenir ce fameux passe droit, cette entrée magique à ce foutu bal de charité. Bien que je trouve l'idée noble, ce ramassis de friqués, dans lequel je déambule depuis cinq minutes, me donne la gerbe. Ajoutons à ça, ce costume de pingouin que j'ai enfilé pour montrer patte blanche, et la coupe est pleine.

Ça me dégoûte !

Louna a voulu m'accompagner. Elle a même lourdement insisté, mais j'ai refusé. Je la connais très bien depuis quelques semaines. Je ne suis pas sûr que son look et son caractère de merde passent inaperçu dans cet attroupement de gros bobos. Une coupe de champagne à la main pour me fondre dans le décor, je rase les murs afin de localiser celle que je suis venu chercher. Et soudain, je l'aperçois, au beau milieu d'un tas d'inconnus, la main de ce connard posée contre son dos comme s'il exhibait un trophée. C'est sans doute ce qu'elle est à ses yeux, une fille de plus dans la liste de ses innombrables conquêtes.

Elle est tellement plus que ça pour moi.

Je l'observe un long moment. Elle est tout simplement canon. Cette robe... putain ! Il ne me reste plus qu'à trouver une solution pour l'éloigner de lui. Tandis que mes neurones surchauffent, je la vois se diriger vers l'entrée.

Merci, à toi là haut !

Je fais le tour de la salle pour éviter que Pratton ne me voit. Il ne manquerait plus qu'il me jette dehors, il en serait capable. Hors de question ! Pas maintenant, pas si près du but. Je la suis des yeux, tout en avançant prudemment, jusqu'à arriver devant la porte des chiottes. C'est alors que je distingue une sortie de secours, notre sortie de secours. Appuyer contre le mur, j'attends qu'elle sorte. Voilà déjà cinq minutes qu'elle y est entrée. Je ne comprendrais jamais pourquoi les nanas passent trois plombes dans les chiottes. Qui a-t-il de spécial là-dedans ? La porte s'ouvre enfin, sa silhouette m'apparaît de dos. Sans réfléchir, je l'attire contre mon torse en encerclant sa taille, et pose ma main sur sa bouche pour éviter qu'elle ne crie. Je recule au fond du couloir en la tenant fermement et la plaque doucement contre le mur. C'est un peu barbare comme approche, mais la pression m'y a forcée. Lorsque ses yeux noisettes plongent dans les miens, je me dis qu'elle vaut bien tous ces sacrifices. Un sourire éclaire son visage d'ange, et mon palpitant se laisse aller, il tambourine comme un forcené.

— Tu es là !

Sa voix tremblotante, ses yeux larmoyants ont raison de moi. Je la prends dans mes bras sans tarder, j'ai attendu trop longtemps pour faire durer le plaisir. Je niche ma tête dans son cou, je renifle son odeur, je la serre comme si ma vie en dépendait, comme si elle allait disparaître. Après avoir déposé un baiser sur sa tempe, je murmure contre son oreille :

l'emprise des sensWhere stories live. Discover now