LE GROS GITAN

9 0 0
                                    


Voilà le coup de téléphone que j'attendais, Le gitan n'a pas tardé. Je laisse un peu patienter mon interlocuteur pour qu'il profite du vertige avant un saut dans l'inconnu, le gros doit tanguer sur le pont de Ponsonnat sans élastique.

Cinquième sonnerie qui retentit. Je décroche à cet homme qui n'a pas demandé de se faire conter le sombre avenir dont il a hérité.

« – Ouais allo !

« – Sur mes morts, t'es qui ? ».

J'entends dans sa voix tremblante la peur qui l'habite. Piégé, il a le souffle rapide. Il est un claustrophobe enfermé dans une caisse transparente à la recherche d'une porte de sortie. Je suis de l'autre côté de la vitre, je le nargue avec mon trousseau de clefs.

« — Tu sais lire ! Je veux juste te parler. »

« — Ce que tu voudras, mais ma parole, ne fait rien à ma famille ou je....... »

« — Tu ne feras rien du tout et puis tout dépend de toi ! Tu fais ce que l'on te demande et tout se passera bien. »

« – J'ai ta parole "gadjo" ? »

« – Tu l'as. 22 heures à la station-service sur la rocade sud, et seul. »

« – Je serai là. »

« – Soit à l'heure où il n'y aura plus personne pour veiller sur tes morts, et jen'ai qu'une parole. »

Si la parole des gitans à la réputation d'être d'acier, il faut toujours se méfier de ces hommes pleins de ressources. Il ne faut pas prendre cette entrevue avec légèreté, surtout quand leurs familles sont menacées. Il est à cet instant en train de réfléchir à une idée pour sans sortir, tout en gardant à l'esprit notre première rencontre Place des Géants que le souvenir doit glacer. Avant, ils attelaient les chevaux sur les roulottes et disparaissaient. Maintenant les roues des caravanes sont rouillées, leurs maisons roulantes sont posées sur des moellons en béton, la communauté est menottée par un fil à l'électricité. Le voleur de poule s'est fait « chouraver » sa liberté.

Assis à l'arrière du Jumpy encagoulé avec Jerem, et Alex au volant, nous roulons en direction de notre rendez-vous en contact radio avec Olive et Boulette. Jamais trop prudents, ils sont déjà en place sur le parking d'un restaurant en amont de la station, pour se prémunir d'un excès de stupidité.

« – OK. L'endroit est clean et le colis est en attente. »

« – Bien reçu, on réceptionne. »

A quelques centaines de mètres de notre destinataire, je charge mon Glock 17 et me poste près de la porte latérale, main sur la poignée. À sa hauteur je l'ouvrirai, le braquerai et l'embarquerai avec mon acolyte qui tient son fusil à pompe prêt à être utilisé.

– Préparez-vous les mecs... il est là, nous interpelle Alex.

– J'ouvre la porte à ton top Alex. Et dès qu'il est embarqué, tu fais des tours de la rocade tranquillement.

Alex ralentit notre utilitaire pour le stopper à sa portée, je me concentre pour intervenir vite et....

-Top... !!!!

J'ouvre la porte d'un geste brusque, sors l'arme au point et lui envoie violemment mon coude dans la mâchoire au cas où monsieur fasse des façons pour nous accompagner. Je l'attrape par le col de sa chemise et l'allonge à demi KO sur le sol du fourgon face contre terre. Bref, tout dans la diplomatie. Menottes aux poignets avec mon calibre sur la tête, il accepte la fouille au corps, bien entendu.

Memento MoriNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ