MASSILIA ⛵️

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Mon téléphone vibre dans ma poche, et avec lui une pointe de satisfaction. Ce sera la seule de la journée. Candice, je suis content de voir que je lui manque.

« – Tu m'aimes toujours Candice ? »

« — C'est Mel de la goulue, tu te souviens de moi ? »

Comment ne pas se rappeler de l'incarnation de mes désirs ! Le monde entier qui a un jour croisé son chemin ne peut que se souvenir d'elle. Mais le ton de ses premières paroles ne présagent pas un désir personnel de me demander des nouvelles.

« — Mel ? Qu'est-ce que tu fais avec son téléphone, qu'est-ce qui se passe ? »

J'ai un mauvais pressentiment qui me traverse subitement, j'en ai la chair de poule. J'entends sa voix se mélanger à des sanglots qu'elle a du mal à contenir, ils résonnent tel un flot qui se déverse au travers du combiné. Elle ne trouve pas les mots, je redoute le pire.

« – Tu as entendu les infos de ce week-end ? »

« – Non, je rentre de Belgique... mais merde, dit moi ce qu'il y a ? »

« — Candice est morte. On a retrouvé son corps sur le parking du marché vers la rue Hippolyte. On l'a assassiné Max. »

L'uppercut est violent. Mon cerveau rebondit dans ma boîte crânienne, le liquide céphalorachidien me coule par le nez. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, je titube et déraille. J'ai vu l'arrivée du train en gare, impossible pour moi d'esquiver, je suis resté comme un con sur sa trajectoire comme si je voulais me délecter de ce choc brutal. Quand je reprends un semblant d'esprit pour me remettre sur les rails, ma première réaction est d'abord le déni, rattrapé par l'envie subite de hurler et d'écraser au sol ce foutu portable. Puis vient maintenant le moment de la culpabilité. Pendant la joie d'un week-end mémorable avec mes amis, Candice mourrait, seule. Pendant que je m'abandonnais à la luxure, elle goûtait à la terreur. J'ai envie de meurtre. Je passe ma main derrière mon dos pour extraire mon Colt 45 de mon futal. Je pourrais flinguer à cet instant n'importe qu'elle personne qui aurait la moindre responsabilité de sa mort, brûler ce maudit bled rien que pour apaiser ma révolte. Je respire un grand coup et lui demande avec le détachement d'un robot :

« — Comment ? Elle est morte comment putain. »

« – D'après ce que je sais, elle a été étranglée. Il n'y a pas de signe de viol, c'est tout ce que je peux te dire. »

« – C'est tout ce que tu peux me dire ? Parce que tu sais autre chose Mel ? Dis-moi tout, dépêche-toi. »

« – Non Max, je ne te dirais rien. Et puis qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu es seul, tu ne vas quand même pas faire ta propre vendetta ? »

« – Ce qu'il se passera après me regarde. Tu vas me dire ce que tu sais où je viens te voir et crois moi, je sais être persuasif. »

« – Ça va...... je vais te dire ce que je sais. Ce que tu fais de ta vie, moi je m'en tape, alors garde ça pour toi. Ne me mets pas dans la merde. »

« – J'attends..... »

« — Elle a eu de graves problèmes de tune quand elle a eu le gamin, elle a emprunté de l'argent. »

« – À qui elle devait le blé ? »

« – À Benbarka, dit-elle en soupirant. »

« – Et c'est quoi le rapport avec lui ? Pourquoi l'aurait-il buté si elle lui devait de l'argent ? »

« – Elle remboursait comme elle pouvait. Elle était protégée par les deux frères contre quelques petits extras, à ce qu'il paraît. Maintenant qu'ils sont en taule, j'ai entendu dire que Tarek aurait essayé de la mettre sur le trottoir pour quelle puisse enfin payer...avec les intérêts. »

Memento MoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant