LE CLUB DES 5 PLUS UN SANS LE CHIEN

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– Une semaine de vacances ! Tu ne te fais pas chier. Tu aurais pu m'inviter !
– Je te supporte déjà tous les soirs Hakim, et voir ta gueule sur mon bateau, non merci.
– Ce sera pour la prochaine fois ! Je t'emmènerai au bled dans ma casbah à Tipaza. Je l'ai achetée un peu grâce à toi, d'ailleurs.
– Je ne veux rien savoir de tes conneries, mais merci quand même mon ami. Et les quartiers ?
– Ils se regardent tous comme des chiens d'arrêt. Ils se reniflent le cul pour analyser les forces en présence.
– C'est si chaud que ça ?
– Il y a bien trop d'argent en jeu. Mais ils savent aussi que certains d'entre eux pourraient y laisser leurs peaux. Une étincelle et c'est Sarajevo.

À mon retour de Marseille, j'ai envoyé un petit texto à mes amis. Je leur ai dit que je voulais les voir au plus vite, rien d'alarmant, ni de très explicite, et les réponses ont été toutes aussi brèves de leurs parts.  J'ai fixé le rendez-vous dans trois semaines.

Pour qu'ils acceptent mon projet, je ne dois pas faire les choses à moitié. Ils sont tous un peu borderline, mais c'est aussi des anciens bidasses de haut niveau. Ils n'aiment pas là peu près, et le travail bâclé les insupporte. Mais pour qu'ils me suivent aussi, il faut qu'ils aient quelque chose d'important à y gagner, à la hauteur des risques. Ils vont être servis. J'ai peu de temps pour réunir tout ce dont j'ai besoin et de travailler sur nos objectifs.

Je me suis pointé à la banque et au grand désespoir de mon usurier, j'ai vidé l'intégralité de mes comptes. Une somme rondelette qui va vite s'évaporer. Il me faut deux véhicules, des armes, du matériel d'écoute et de transmission, un local avec tout le matériel pour cuisiner et dormir.

Je connais un garagiste qui, après avoir dépensé son black dans les bars à hôtesses, échoue perpétuellement au fond de ma boite. Hugo le mécano n'a rien du mec en salopette cradingue avec du cambouis dans les oreilles, mais il ne fait pas non plus dans le concessionnaire, mis à part pour les gonzesses. Hugo a pour rapport la marque de costume qu'il a l'habitude de porter, la Rolex Submariner comme seul outillage met en valeur ses mains d'une blancheur immaculée. C'est la première chose que j'ai remarquée quand je l'ai rencontré, des attributs d'artiste dans son domaine. Il fait dans le maquillage de châssis. Il exporte des pleins camions de Porsche Cayenne dans les pays de l'est.

– Dis-moi Hugo, je cherche un utilitaire et une grosse berline puissante. Un homme pleins de ressources comme toi a bien une solution à mon problème !

La Nabilla blonde platine qui l'accompagne tend l'oreille. Hugo sort de sa veste une liasse de billet de deux bons centimètres, l'ensemble tenu par un simple élastique . L'appât donne subitement du volume aux implants mammaires. La coupure de deux cents qui vole dans les airs, accapare maintenant la seule partie de son anatomie que son carrossier n'a pas retouchée. Ses yeux allongés au mastic ont pris le pouvoir sur ses autres sens, un seul à la fois, pour éviter la surcharge d'information qui lui ferait sauter les sutures. Elle attend l'ordre du maitre comme une chienne devant un os, le piercing sur la langue bien en évidence.

– Il faut que je discute avec mon ami, va boire un verre au bar.

Le canidé de concours disparait en remuant les fesses, pour lui montrer la gratitude de sa récompense. Je crois même l'avoir entendu couiner. Elle n'est plus là pourtant je sens encore sa présence, la débauche de Lady Million me pique le nez.

– Tu sais parler aux femmes, Hugo !
– C'est son braille à elle. Le seul langage qu'elle connaisse se situe sous la ceinture par opportunisme. Une Zemmour avec beaucoup d'étiquettes dans la penderie, taille anorexie cérébrale.
– Mais elle bosse avec toi ?
– Non mais sérieux, tu imagines l'outillage en talon dans le garage ? Elle me fait penser à BHL chez les Peshmerga en costume trois-pièces. Tu lui demandes une clef à pipe et elle rigole...
– Le con...et donc ?
– Ouai enfin bref. Cela dépend des données du problème ! Clean, maquillé et surtout, combien ?
– Je cherche une âme charitable.
– Je vois. Pour l'utilitaire, j'ai un vieux Jumpy plein de kilomètres, mais clean et en bon état. Pour la berline, j'ai peut-être ce qu'il te faut. Par contre, c'est une voiture reprise en concession avec une prime de l'état. Elle est destinée à la casse et j'en suis malade. Je n'ai pas le temps de m'en occuper.
– C'est quoi le problème ?
– Elle n'a pas de papiers ! Je te la laisse pour une bouchée de pain, si tu veux. Ça devrez être un crime de détruire une voiture pareille.
– Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'une voiture sans papier, même pas chère !
– Il faut te faire un dessin Max ? Un mec comme toi a bien un ami qui connaît un ami qui travaille au service des immatriculations de la préfecture ! Tu trouves dans la région le même modèle et tu fais une double carte grise... une doublette quoi.

Memento MoriWhere stories live. Discover now