VOILE ET VAPEUR

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Tous mes amis sont là à me regarder, incrédules. Stéphanie ne peut retenir son rire si démonstratif, ses yeux sont perlés de larmes.

– Vraiment Max, il n'y a pas d'autres solutions ! Me demande Jérem avec un sourire moqueur.

– Je ne vois pas ce qui vous choque ! Je vous croyais bien plus ouvert que ça !

– C'est juste que tu caches bien ton jeu mon choux, me dit boulette en me caressant l'épaule, les yeux papillonnants.

– Je veux le faire comme ça. Alors, qui m'accompagne ?

Ils m'entourent le doigt levé comme des gosses. Ils se poussent, se chamaillent, chacun baisse le doigt de l'un ou de l'autre, on se croirait dans une cour de récré. À tour de rôle, ils se vendent à coup d'arguments et se contredisent pour que mon choix se porte sur l'un d'eux. Ils ont envie de participer au jeu, mais pas de la partie.

– Je parie que c'est encore Stéphanie qui va être choisie pour cette mission à haut risque, se plaint Alex sarcastique.

– Il faut que ce soit un mec qui m'accompagne, elle fera un peu tache dans le paysage.

– Je veux bien rester avec elle alors, se dévoue Alex le regard lubrique.

– Pitié Max, emmène-moi. Je ferais tout ce que tu voudras.

– Ça, on le sait, répondent-ils tous en cœur.

– Bon ça va, on ne va pas y passer toute la journée. Olive, tu viens...

Tout le monde le regarde avec jalousie... pour l'instant. Ils se réunissent dans un coin de la pièce pour s'entretenir à l'écart, je ne suis pas dans la confidence. Je perçois juste quelques rires et des regards moqueurs qui me sont adressés, j'en connais un qui va moins rigoler.

– C'est bon, on peut y aller !

Comme par hasard, j'ai beau faire dix fois le tour de la place du marché pour me garer, la seule place que je trouve est devant ce putain de pilier. La masse de béton est innocente, mais l'envie est grande de le plastiquer. Je tends à Olive une photo de l'homme qui nous intéresse. Il la regarde avec un semblant de sérieux.

– Il est mignon !

– Pauv' con... il s'appelle Patrice. Le bar est juste derrière rue Étienne Marcel, tu ne peux pas le manquer.

– Tu veux quoi, que rentre dedans ? me demande-t-il avec surprise.

– Tu as voulu m'accompagner !

– Je pensais que c'était pour faire le guet et t'aider à le choper !

– Mais c'est ce que tu vas faire mon ami, le gay. Tu entres, tu commandes un verre et tu verras, ils ne vont pas te manger ! Lui dis-je en m'approchant pour l'embrasser.

– Arrête, c'est dégueu...

– Dès que tu le vois, tu m'envoies un texto et tu attends que j'arrive.

– Bon d'accord, mais tu ne dis rien aux autres.

– OK.

– J'ai ta promesse ?

– Bien sûr que non.

– Putain, si j'avais su...

– Fais attention à tes arrières !

Il quitte le Jumpy avec un doigt d'honneur affectueux, je le vois déjà siroter son verre le cul contre un mur pour parer à toute éventualité. Je suis maintenant seul avec mes sentiments confus, la scène burlesque de mon ami qui me fait sourire et le théâtre dramatique des derniers instants de Candice. Je sors à mon tour et fais quelques pas vers le lieu où tout a commencé, je contourne sur le sol la stèle mortuaire imaginaire.

Memento MoriWhere stories live. Discover now