Chapitre 3

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P.O.V Abigail's

J'émerge enfin de ce lourd sommeil dans lequel j'étais plongé et je ne sais pas quoi penser quand mes yeux s'ouvrent. D'abord, il me faut un peu de temps pour me faire à la luminosité de la pièce et ensuite parce que je n'arrive pas à savoir comment je me sens. Je crois que je me sens moins faible, enfin plus en forme du moins et c'est assez troublant de ressentir ça sans comprendre. Je reste un moment allongé sur quelque chose d'assez moelleux et je ferme les yeux. Je ne me souvenais pas que cet immonde matelas tout poisseux pouvait être aussi confortable. Une seconde, quelque chose cloche.

J'ouvre les yeux et je comprends vite ce que ce quelque chose signifie. Je ne suis plus dans la cave, il y a bien trop de luminosité ici et ça je m'en rends compte à nouveau quand mes yeux se posent sur une baie vitrée avec une vue sublime sur les falaises et la mer. Je ferme les yeux à nouveau et les ouvre mais cette vue est toujours là. Je ne comprends pas. Comment suis-je passé de cette cave puante à cette vue sublime ? Je fronce les sourcils en essayant de me lever mais quelque chose attire mon attention. Mes vêtements. Je ne porte plus les vêtements que j'avais dans cette cave.

Je porte un t-shirt et un short qui ont l'air propres. À quel moment j'ai changé de vêtements ? Je n'ai aucun vêtement ici et comment j'aurais pu me changer ? Je remonte mes mains à mes cheveux bruns qui glissent entre mes doigts. Ils ne sont plus poisseux, ils sont propres et doux. C'est quoi ce bordel ? Je me redresse dans le lit et cette fois mon attention se porte sur ma cheville, celle qui fut autrefois prisonnière d'une saleté de menotte. Un large bandage l'entoure jusqu'au pied. Suis-je morte ? Je ne vois pas d'autre explication possible face à tous ces changements radicaux.

Je me noie dans ma solitude et ma crasse depuis des jours et là c'est comme si rien n'avait existé. Je crois que ces jours passés dans cet endroit, m'ont vraiment fait perdre la tête. Je me mets en position assise sur le matelas et une nouvelle chose attire mon attention, cette chose sur ma main. Il y a une perfusion de poser dessus qui est reliée à une poche avec un liquide transparent. Je ne prends même pas la peine de réfléchir à ce qu'elle peut contenir que j'arrache déjà cette saleté de ma main, non sans étouffer un petit cri car ça fait mal.

— À ta place, je ne ferais pas ça, m'averti une voix sèche.

Qui a dit ça ? Je tourne la tête pour voir qui est là car je ne suis visiblement pas seule et j'aurais largement préféré quand mon regard se pose sur lui. Il est assis dans un fauteuil, un verre à la main, à l'autre bout de la pièce et il me regarde. Je me sens tout à coup en colère et je me souviens de la dernière chose que ma mémoire ravive. Je le menaçais d'une arme. Où est passée cette arme ? Et pourquoi est-ce que je suis dans une chambre et pourquoi est-ce qu'il est là ? Tout à coup, j'en viens à préférer la cave où il n'était pas. Sa voix. C'est idiot car je l'ai entendu avant de m'évanouir mais je réalise maintenant que j'ai entendu sa voix et qu'elle dégage quelque chose.

Je ne saurais pas dire quoi mais c'est quelque chose de puissant. Un milliard de questions se bousculent dans ma tête. Depuis combien de temps est-ce qu'il est là, à me regarder dormir ? Qu'est-ce qu'il a fait de moi ? Est-ce que c'est lui qui m'a changé ? Est-ce qu'il m'a vu nue ? Est-ce qu'il a fait plus que ça ? Qu'est-ce qu'il y avait dans cette foutue poche qui s'infiltrait dans mes veines ? Je me redresse totalement dans le lit et me lève d'un bond. Mauvaise idée que je regrette aussitôt car ma tête se remet à me faire valser de droite à gauche.

— Tu devrais te rallonger. L'eau et le sucre n'ont pas eu l'effet escompté visiblement. Pour répondre aux questions que tu te poses, ce n'est pas moi qui t'es lavé ni changer, ni soigner. J'ai du personnel pour ça et je ne voulais pas prendre le risque de perdre l'odorat vu ta puanteur, s'amuse-t-il, sarcastique.

Last dayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant