Chapitre 15

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P.O.V Abigail's




Deux choix s'offrent à moi. Soit je décide de me battre, soit je continue de me laisser mourir comme je suis en train de le faire, affalée sur mon lit, et Lorenzo recommencera encore et encore ce qu'il a fait. Je ne le supporterais pas. Pas une énième fois. Je me sens comme une marionnette désarticulée, même mon cerveau semble être en arrêt. N'est-ce pas ce qui se produit quand on souffre de trop ? Notre cerveau se déconnecte de la réalité. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir sale et coupable de ce qui vient de se passer. Je me sens tellement vide d'un coup, comme si je n'étais plus capable de ressentir la moindre chose. À quoi est-ce que ça sert que je prenne des cours de self-défense, si je ne suis même pas capable de me défendre ?

Je ne peux pas, je ne veux pas que ça se reproduise car malgré le vide intersidéral qui m'habite, je crois que je serais capable de le tuer. Je n'ai jamais ressenti une telle rage envers quelqu'un alors que je pensais qu'avec Andrea j'avais atteint mon maximum. Lorenzo m'a prouvé le contraire. Andrea...pourquoi ne me cherche t-il pas ? Pourquoi est-ce qu'il ne fait rien pour me sortir d'ici ? C'est un comble d'être prisonnière de sa propre maison. Même ici je me sens comme une étrangère, une ennemie. Il pense probablement que j'ai choisi mon camp. Je lui avais pourtant dit que je ne voulais plus rien avoir à faire avec ces gens mais il pense que je les ai choisi. À force de pleurer, plus aucune larme n'arrive à couler. Je dois être à sec.

Je le supplie inconsciemment de me sortir d'ici. Andrea a beau être un monstre qui m'a kidnappé, pas une seule fois il ne m'a forcé à faire ce genre de choses alors que Lorenzo l'a fait. Je m'en veux tellement de l'avoir laisser faire. Je n'en peux plus d'être ici, de sentir son odeur et d'avoir l'impression de le voir ou de revivre chaque moment quand je pose mes yeux sur un objet. Cette chambre dans laquelle je me suis toujours senti en sécurité, représente un cauchemar aujourd'hui. J'ai décidé ce que j'allais faire, je vais me battre. Je vais me lever de ce putain de lit et me battre comme une lionne car je refuse qu'il gagne. Je refuse qu'il repose, ne serait-ce qu'une main sur moi.

Je trouve la force de me bouger, je fourre un tas de choses dans un grand sac de voyage, y compris mon ordinateur et mes affaires les plus précieuses. J'ai vécu toute ma putain de vie dans cette maison et il n'est pas question qu'on m'y retienne prisonnière. Je connais cet endroit par cœur et je ne vais pas y rester une seconde de plus. Si quelqu'un peut bien sortir d'ici, c'est moi. La porte est toujours verrouillée mais ça ne m'arrêtera pas. Je regarde en bas de ma fenêtre, c'est très haut mais rien que je n'ai déjà fait.

J'accroche fermement le sac de voyage sur mon dos en essayant de passer mes bras dans les lances. Je passe une jambe par-dessus la rambarde en m'assurant que personne ne se trouve en dessous. L'appel du vide me rappelle des mauvais souvenirs mais malgré ma peur, ma rage de partir d'ici prend le dessus et je me concentre sur ce que j'ai à faire. Je soupire de soulagement en posant un pied au sol puis le second. Je suis toujours en vie.

Je me faufile dans la cour en me cachant derrière chaque buisson pour esquiver chaque garde présent pour surveiller la maison. Ici, tout le monde me connaît. Avant j'étais amicale, aujourd'hui je suis une ennemie alors mieux vaut qu'on ne me voit pas. Je pensais que le plus dur serait de descendre le long du mur mais je réalise que le plus dur est encore en face de moi quand j'arrive à la hauteur des gardes qui surveillent les entrées et sorties. Mon cœur bat tellement vite dans ma poitrine que je suis seulement capable de n'entendre que ça. Comment je vais sortir d'ici ? Comment ?

Je frôle l'arrêt cardiaque en sentant une main sur mon bras. Une main qui ne me serre pas mais qui me touche quand même. Je me dégage rapidement et me retourne pour faire face à la personne qui m'a retrouvé. Je suis surprise de faire face à ma mère. Je suis foutue. Elle va alerter les autres de ma présence ici et Lorenzo va me faire enfermer de nouveau à l'étage. Elle ne dit pas un mot alors qu'elle me prend la main et m'entraîne à l'opposé de l'entrée. Je ne sais pas pourquoi je ne me débats pas et pourquoi je la suis. Peut-être parce que son regard avait l'air de confiance. Puis-je vraiment lui faire confiance encore ?

Last dayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant