Chapitre 16

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P.O.V Abigail's


Lorsque j'ouvre les yeux, je suis seule, allongée dans mon lit et couverte. Je ne me souviens pas comment j'ai atterri ici mais je sais qui m'a mis au lit. C'est Andrea. Pourquoi n'est-il plus là ? Je panique à l'idée qu'il puisse être parti confronter Lorenzo et qu'ils finissent par s'entretuer à cause de moi. Je me redresse vivement dans le lit quand la porte s'ouvre sur Andrea qui revient avec une tasse fumante dans les mains. Je sens les battements de mon cœur qui s'apaisent aussitôt. Il est là. Il n'est pas parti. Il me rejoint dans le lit en posant la tasse de thé fumante sur la table de chevet. Je sens qu'il garde ses distances et je pense un instant que c'est ce que je veux mais je suis également partagé avec l'envie qu'il se tienne plus près de moi. Je sais, c'est déraisonnable. Je ne veux pas qu'il puisse me toucher mais je me suis endormie dans ses bras à force de pleurer et quand je me réveille, il est là à prendre soin de moi. Je n'ai pas envie de réfléchir, je veux juste ne pas me sentir si seule. Je n'oublie pas que ce n'est qu'un salaud qui a été voir ailleurs mais l'important c'est que là, tout de suite, il est là.

C'est moi qui réduit la distance entre nous pour venir poser ma tête et mes mains sur son torse en me recouchant. Je sens son corps se tendre sous moi mais il ne dit rien, moi non plus. Je veux juste rester comme ça et oublier tout ce qui s'est passé. Je ferme les yeux de nouveau et m'endors une fois de plus. À la différence que lorsque j'ouvre les yeux plus tard, Andrea n'est plus là.

Je comprends vite qu'il ne reviendra pas car je ne le vois pas franchir de nouveau le seuil de la porte et encore une fois je panique tout en étant incapable de sortir de ce lit. Je me sens tellement mal. Sale. Vide. Détruite. Ça ne va pas du tout. Je n'arrive pas à me chasser de la tête toutes ces images, j'entends encore ma propre voix dans ma tête qui résonne quand je lui ai dit d'arrêter. Je l'ai répété, encore et encore mais il a continué. Ça a fait tellement mal, c'était atroce. J'étais comme spectatrice de cette propre scène que mon corps était en train de subir. Il m'a violé. Je mets enfin des mots sur ce que Lorenzo m'a fait.

Il m'a violé. Cette révélation me fissure un peu plus de l'intérieur. Au nom de quoi ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Pour prouver que je lui appartenais ou pour me faire payer mon insolence en salle de réunion ? Je n'appartiens à personne et je suis persuadée qu'il a fait ça pour me faire payer mon intrusion. Je ne pensais pas qu'un jour il serait capable d'une telle chose, tout comme je n'imaginais pas mon père, commanditer le meurtre d'une fillette de 9 ans. Comme quoi, on ne connaît jamais assez bien les gens et les apparences sont trompeuses.

Je serais incapable de dire combien de temps passe, tout ce que je sais, c'est que je ne revois plus Andrea. Je ne sais pas où il est, ce qu'il fait, avec qui mais je peux très facilement l'imaginer et ça me fait monter les larmes aux yeux. Je crois que plus jamais, je ne serais capable d'éprouver ce que ces femmes sont capables de ressentir. Mon corps est mort à l'instant où Lorenzo se l'est approprié. Je ne ressens plus rien, c'est vide là-dedans. Il n'y a plus que de la noirceur et de la saleté.

Je me dégoûte tellement, comment un homme pourrait être attiré par moi hein ? Je me trouve tellement moche et sale. Est-ce qu'un jour je serais capable de me sentir à nouveau jolie ? Je doute que ce soit possible. C'est comme si c'était écrit sur mon front ce qui s'est passé et qu'il faut me fuir au plus vite. Je ne sors plus de ma chambre, je mange peu, je ne parle pas. Les quelques rares fois où je sors c'est pour me rendre sur mon balcon et quand je l'aperçois, il détourne le regard et part. Je crois qu'à sa place, je fuirais aussi. Je suis répugnante. Plus jamais il ne me verra comme il a pu me voir. Je ne dois lui inspirer que du dégoût et de la pitié.

Ça me fait encore plus mal que ce que j'ai vécu, de savoir qu'il pense ça de moi. Je sais que cette relation n'aurait mené nulle part mais je pensais qu'il serait différent des autres. Je me suis trompée et c'est douloureux. Je porte des vêtements difformes deux fois trop grand pour moi, depuis des jours. J'essaie de m'enlaidir un peu plus ou du moins j'essaie de cacher ce corps immonde qui se cache en dessous. Je veux qu'il soit aussi sale en apparence, qu'à l'intérieur.

Last dayWhere stories live. Discover now