Chapitre 8

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P.O.V Abigail's

Encore des jours, de longues journées et de longues nuits qui s'écoulent sans que je ne le vois. Je ne l'ai pas revu depuis notre dispute dans sa chambre et je ne fais que d'y repenser depuis ce jour. Comment a-t-on pu en arriver là ? Il paraît qu'on ne se dispute qu'avec les gens qu'on aime mais je n'aime pas cet homme. Je ne le connais même pas. Du moins, pas totalement. Ce que je sais de lui, ne me plaît absolument pas. Il est dangereux, sans scrupules, fou mais terriblement beau. La beauté n'excuse pas toutes les choses qu'il peut faire et le mieux que j'ai à faire, c'est de l'oublier. Chose un peu compliquée car je suis toujours chez lui mais on dirait bien qu'il cherche à m'éviter de son côté car pas une seule fois, il n'est revenu me voir.

Je m'attendais à une nouvelle attaque de sa part après notre dispute pour qu'il puisse avoir le dernier mot mais rien, rien du tout. Il reconnaît ses torts ? Vu comment il est fier, je suis sûre que non. Il doit juste estimer que je ne suis pas assez importante pour mériter une explication. Soit. Je vais faire la même chose de mon côté, l'éviter. J'en ai rien à faire de lui et si je pouvais partir d'ici, je le ferais sans me retourner. Pourquoi est-ce que ma famille ne m'a toujours pas fait sortir d'ailleurs ? Il aurait dû y avoir une effusion de sang, des coups de feu et qu'en sais-je encore mais je devrais être chez moi à l'heure qu'il est.

Être seule enfermée dans une chambre, ne m'aide pas du tout à aller mieux. Les jours passent mais je n'oublie rien. J'ai toujours cette sensation désagréable qui habite mon corps depuis qu'on m'a fait ce curetage pour faire disparaître définitivement mon bébé. Peut-être que je devrais m'estimer chanceuse qu'on m'est attribuée une nouvelle chambre suite à l'incendie que j'ai moi-même provoqué mais ce n'est pas le cas.

Comment peut-on se remettre de ça ? En retombant enceinte ? Je n'ai pas envie, je ne me sens pas prête à revivre ça. Je n'ai que 29 ans, des enfants je pourrais en avoir d'autres, plus tard. Pas maintenant. Pas quand je ne suis même pas libre de mes choix, pas quand je n'ai même pas encore fait le deuil de l'enfant que j'ai perdu. J'aimerais tellement que les bras réconfortants de Lorenzo me serrent et qu'il me dise que tout ira bien tant qu'on sera ensemble. J'aime Lorenzo, je ne sais pas si je suis follement amoureuse de lui mais je sais que je me sens bien quand on est ensemble. Il est à l'écoute de mes besoins, il est doux avec moi. Du moins quand mon père ne vient pas lui foutre ses sales idées dans la tête et qu'il transforme mon fiancé, en bête à tuer comme l'autre fou là.

Raaah tous ces hommes me rendent folle. On serait bien mieux sans eux, on serait libres. Je marche jusqu'au dressing où je décroche chaque vêtement de chaque cintre pour les envoyer valser dans la pièce, j'en déchire même quelques-uns au passage. Je suis tellement en colère. En colère d'être ici mais aussi en colère de l'injustice que je viens de connaître en perdant mon enfant et en étant prise pour un punching-ball.

À la colère se mêle la tristesse parce que je suis incapable d'effacer de ma mémoire, cette scène atroce à laquelle j'ai assisté dans cette pièce et ce moment où j'ai cru que j'allais vraiment mourir. Je revois sans cesse tout ce sang, dès que je ferme les yeux. J'ai le souffle coupé, je revois la scène encore et encore. Trois hommes ont perdu la vie à cause de moi, ça ne ferait pas de moi quelqu'un d'humain que de ne pas m'en vouloir, n'est-ce pas ?

Pourquoi a-t-il fait ça ? Je reste persuadée qu'il reste d'autres façons de faire justice qu'en le faisant à sa façon. Je le déteste, je le crains autant que j'ai envie de le voir. Je crois que dans le fond, j'aime le confronter car il y a une sorte de petit jeu entre nous et ce jeu me fait vibrer. Je me laisse tomber au milieu des vêtements qui jonchent le sol du dressing quand j'entends du bruit à côté de moi. Iris, l'employée de maison, dépose un téléphone sur le sol et sort de la pièce. Je regarde pendant un long moment le téléphone en me demandant s'il ne s'agit pas d'un piège. Pourquoi a-t-elle déposé un téléphone devant moi alors que depuis que je suis ici, on m'empêche d'avoir le moindre contact avec l'extérieur ?

Last dayWhere stories live. Discover now