Last day

Chapitre 4

P.O.V Abigail's

Après ce petit-déjeuner interrompu par ce coup de téléphone, je ne l'ai pas revu. Ça fait bientôt quinze jours que je suis ici et même si cette maison est incroyablement gigantesque, j'aurais dû l'apercevoir ou même l'entendre au moins une fois. Plus surprenant que le fait de ne pas le voir, je suis surprise d'avoir envie de le voir. Est-ce que je suis en train de développer un syndrome de Stockholm ? Non non j'ai trop de caractère pour ça et je ne suis pas assez naïve pour oublier qui il est et ce qu'il a l'intention de faire de moi. Je ne vais certainement pas tomber amoureuse d'un homme qui veut me tuer.

Il ne m'intéresse pas de toute façon car j'ai déjà un homme dans ma vie et je sais que lui, il ne me fera jamais le moindre mal. Je n'en dirais pas la même chose concernant mon « hôte » vu qu'il se considère ainsi, comme mon hôte. C'est ridicule. Il dit que je suis indécise mais de nous deux, il est celui qui ne sait pas ce qu'il veut. Il me fait enlever, il a l'intention de me tuer. Je me retrouve dans une foutue cave pendant des jours mais dès que j'arrête de m'alimenter, Monsieur vient à mon secours contre ma volonté et je me retrouve dans cette magnifique chambre. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans sa tête ?

Il doit avoir un trouble psychiatrique avec plusieurs personnes dans sa tête, celui-là. Chaque seconde qui passe, je me pose la même question : pourquoi suis-je toujours en vie ? Il m'a emmené ici dans un but précis, me tuer alors pourquoi est-ce que ce n'est pas déjà fait ? Pourquoi ? C'est à s'en cogner la tête contre les murs ! Et ma famille dans tout ça, qu'est-ce qu'ils font pour me sortir de là ?

J'espère au moins qu'ils font quelque chose car je suis en train de devenir dingue ici. J'en viens à regretter les restrictions ridicules de mon père m'empêchant d'aller où je veux, m'empêchant de sortir sans accompagnateurs comme une enfant dans un club de vacances. Je sais aujourd'hui que j'aurais mieux fait de l'écouter plutôt que de vouloir jouer ma rebelle en lui prouvant qu'il avait tort, qu'il était parano.

Mais après tout, comment aurais-je pu me douter que ma vie puisse être en danger ? Je veux dire, je sais très bien dans quelle famille je suis née et j'évolue mais pourquoi moi ? Je ne suis pas mon père ni mon fiancé et encore moins l'un de ses hommes. Je ne suis au courant de rien concernant les affaires tout ça parce que je suis une femme et qu'une personne du sexe féminin ne doit pas se mêler de ça. C'est tellement petit de se venger sur nous en pensant qu'on est sans défense. Je suis une femme mais je ne suis pas sans défense, bien au contraire.

Certes, il m'a eu facilement, trop facilement mais si je ne suis pas encore morte à l'heure qu'il est, c'est sûrement que je lui suis utile d'une quelconque façon que ce soit. Est-ce qu'il pense que je suis au courant des affaires de ma famille ? Peut-être est-il moins con que mon père et estime qu'une femme peut aussi être tenue au courant de ce qui se passe. Je n'en sais foutrement rien mais ce que je sais, c'est que j'aurais dû foutre le camp de cette famille depuis des années déjà car ils m'empêchent d'avancer, de vivre ma vie comme je l'entends et à cause d'eux et de toutes leurs conneries, aujourd'hui c'est moi qui vais en payer les pots cassés, au prix de ma vie.

Je soupire en regardant la vue face à moi. La mer est la seule chose qui arrive à me faire m'évader de cet endroit dans lequel on me retient prisonnière. Je passe plus de temps enfermé ici que je n'ai passé de temps enfermé chez moi depuis que je suis née. Est-ce que la vie de tout le monde est sur pause en même temps que la mienne ? Je suis sûre que non.

Je déteste attendre. Je déteste me dire qu'à tout moment, il peut débarquer ici, me coller son arme sur la tempe et me tuer. C'est tellement machiavélique de faire vivre ça à quelqu'un, comme si je n'étais pas déjà dans un état de stress important. Je fais tourner ma bague de fiançailles autour de mon doigt en soupirant pour la énième fois. Je m'ennuie. Je m'ennuie tellement.