Chapitre 11

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P.O.V Abigail's


Je continue de l'observer depuis le lit et maintenant, j'en suis sûre, il pleure. C'est la première fois que je le vois pleurer et je ne pensais pas qu'il en était capable. Il a l'air d'être tellement rempli de rage, qu'il ne peut pas ressentir d'autres émotions et pourtant il est en train de pleurer à quelques mètres de moi. Il vient d'essayer de me frapper, j'ai eu une sacrée trouille mais de le voir pleurer, ça me fait mal. Vraiment mal. Il a l'air tellement fort et sûr de lui. Mais là on dirait un petit garçon, un être vulnérable qui laisse ses émotions prendre le dessus. Je ne pensais pas voir ça un jour. Cette scène est tellement irréaliste. Qu'est-ce qui peut bien le mettre dans un état pareil ? J'ai beau refaire le film des derniers événements dans ma tête, je ne vois pas. Il se cache le visage de ses mains mais je sais qu'il continue de pleurer car j'entends ses sanglots. Je suis coincée dans une pièce sans fenêtre, qui s'ouvre par un code que je ne connais pas, avec un gars qui semble avoir les nerfs qui lâchent. Tout va bien.

Je reste un moment à l'observer de loin parce que j'ai toujours peur de prendre un coup mais ce n'est pas en restant dans l'incertitude, que ça va s'arranger. J'ai besoin mais surtout envie, de comprendre ce qui lui arrive. On ne passe pas du feu à la glace comme ça, d'un seul coup. Il faut un événement, un déclencheur. Avec lui, c'est tout ou rien mais là, je ne l'ai jamais vu dans un tel état. Il me fait presque de la peine. Bon d'accord, il me fait de la peine. Je me mords la lèvre et décide de faire le premier pas car il ne semble pas encore sur le point de le faire et ce silence est en train de me rendre folle.

Je marche jusqu'à lui et m'assieds à quelques mètres. Il essaie de s'arrêter de pleurer car j'imagine qu'il se sent honteux de le faire devant moi alors qu'il est censé être sans cœur. Il s'apprête à se lever pour s'éloigner mais je fais une chose bête, je pose ma main sur son genou. Il la contemple un instant et ça semble fonctionner car il reste assis par terre, à côté de moi, tout en évitant soigneusement mon regard.

— Je suis désolée...je ne pensais pas que mes gifles te mettraient dans un état pareil, m'excusé-je d'une petite voix.

— Tais-toi. Ferme-la, je t'en conjure, m'ordonne-t-il d'une voix suppliante.

— Pourquoi ? J'ai fait une erreur et je le reconnais. Pourquoi est-ce que tu pleures ?

— Je ne pleure pas, j'ai une poussière dans l'œil et arrête ça tout de suite. Je sais parfaitement ce que t'es en train de faire et ça ne marchera pas. Je déteste les psys, grogne-t-il en fermant les yeux.

Il déteste les psys ? Donc il en a déjà vu, j'en conclus. Il se relève pour prendre de la distance avec moi et ça ne me plaît pas alors je l'imite et le suis dans la pièce plutôt sombre. Je me heurte à son dos quand il s'arrête soudain, il me fait face et me pousse contre le mur avant de me bloquer avec son corps. Encore et toujours un rapport de force, à croire qu'il n'y a que de cette façon qu'il sait exprimer ce qu'il ressent.

— Pourquoi est-ce que tu as toujours besoin de ces démonstrations de force ? Pourquoi est-ce qu'il faut que tu cognes dès que quelqu'un ouvre la bouche pour te dire tes quatre vérités ou simplement parce qu'il te regarde ? La violence ne résout rien.

— Ferme la. Je te jure, ferme la, ça vaut mieux pour toi.

— Sinon quoi, Andrea ? Tu vas me frapper comme tu avais l'intention de le faire sur le lit il y a quelques minutes ? Je ne suis pas ton ennemie. Enfin, techniquement nos deux familles sont ennemies sans que je ne sache pourquoi mais je ne suis pas personnellement ton ennemie.

— Ferme la putain, ferme la.

Pourquoi est-ce qu'il tient tant à ce que je me taise ? Je n'ai pas envie de me taire et je n'ai pas envie qu'il se défile une fois de plus. Je remonte mes mains à son visage pour laisser mes doigts glisser sur sa barbe de trois jours. Ça pique mais ce n'est pas désagréable. Mes doigts remontent sur sa joue que je caresse, je sens qu'il penche la tête pour avoir plus de contact avec ma main alors que ses yeux se ferment. Il est tellement mystérieux, tellement complexe comme garçon que je ne sais jamais comment me comporter avec lui. Il se comporte en vrai bourrin et l'instant d'après il devient ce petit garçon vulnérable que j'ai envie de réconforter.

Last dayHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin