CHAPITRE 6 : LA PESTE DES TEMPS MODERNES

48 7 23
                                    

	Deux jours après la réunion, sur son chemin pour aller au travail, Alma ne manqua pas de remarquer les affichettes

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Deux jours après la réunion, sur son chemin pour aller au travail, Alma ne manqua pas de remarquer les affichettes. Imprimées la veille et sans doute collées pendant la nuit ou au petit matin, elles interdisaient avec des lettres en caractères rouges aux habitants de toucher à l'eau ou de naviguer sur les canaux. Alma espérait que les gens ne désobéiraient pas aux recommandations de la municipalité, mais surtout, que ces affichettes ne causeraient pas la panique dans la ville.

Elle fit part de ses inquiétudes à Miranda, tandis que la voiture filait dans la campagne brugeoise en direction de l'usine alimentaire la plus proche.

Ce matin-là, Niels avait formé deux binômes : Johann et Marek d'une part, Miranda et elle de l'autre. Leurs missions du jour étaient d'aller rendre visite à deux usines situées en amont de Bruges, pour s'assurer que ces dernières n'avaient pas changé quelque chose dans leur processus de fabrication. Les garçons allaient donc rendre visite à une brasserie industrielle, tandis que les filles empruntaient la voiture de leur patron pour se rendre à l'usine alimentaire.

— De toute façon, on pouvait pas laisser les gens dans l'ignorance, répondit Dido. T'imagines la catastrophe, si quelqu'un tombait dans les canaux ? Ou si une personne utilisait sa barque pour se déplacer et entrait en contact avec le poison ?

— Oui, bien sûr ! J'ai juste peur que, quelque soit notre manière d'aborder la chose, on finisse par créer un mouvement de panique.

— C'est un risque à prendre, non ? Je préfère que les gens partent de la ville, qu'ils s'en prennent à nous et aux autorités pour leur mauvaise gestion du problème, plutôt que le poison soit découvert par hasard et qu'on nous accuse d'avoir tout fait pour le dissimuler.

— Ouais, mais on a bien vu ce que ça a donné pour le Covid. Quoi qu'on fasse, les gens finiront toujours par se retourner contre nous et par nous blâmer pour une chose ou l'autre. Et puis, t'as pas peur que d'autres gens mal intentionnés en profitent pour... reproduire ce qui est arrivé à ma mère ?

Miranda pinça les lèvres.

— Tu crois vraiment que quelqu'un lui voulait du mal ?

Alma soupira. La veille, le commissaire était venu chez les Van Herzen pour récapituler ce que l'enquête leur avait appris, à ce jour. Il leur avait parlé des marques de coups retrouvés sur les bras et les poignets d'Eleonora, ainsi que sur son visage. Et il leur avait exposé sa nouvelle hypothèse : quelqu'un avait agressé Eleonora, puis l'avait poussée dans les canaux, laissant l'eau faire le reste. Selon lui, la personne n'était pas forcément responsable de la présence de la substance mortelle. Il ne s'agissait que d'un concours de circonstances qui avait causé la mort de la mère d'Alma.

Mais elle n'y croyait pas entièrement, tout comme le reste de sa famille. Coeckelenbergh n'avait pas connaissance de l'existence des sorcières, ni du duivelmat. Il ne pouvait pas imaginer que quelqu'un s'en soit pris volontairement à Eleonora.

Les sorcières ne se noient pasWhere stories live. Discover now