Tout comme les autres femmes de la famille Van Herzen, Alma est une sorcière. A Bruges, où elle habite, personne n'est au courant de ce qui se trame dans la maison Van Herzen, et ses collègues pensent qu'elle est une chimiste de l'environnement comm...
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Devant la porte du laboratoire, main dans la main avec Dido, Alma n'était pas prête à faire ce qu'elle allait faire. Comme si sa compagne sentait son inquiétude, elle tourna la tête pour regarder Alma dans les yeux et lui adressa un sourire réconfortant.
— Hé, ça va aller, d'accord ?
Elle acquiesça, mais le blocage qui se formait dans sa gorge ne disparut pas. Dido la lâcha un instant pour passer son badge et pousser la porte. Elles avancèrent d'un même pas dans le bâtiment jusqu'à l'entrée de leur laboratoire.
— Salut les filles, comment vous allez ? Tu es courageuse de revenir si vite, Alma, étant donné ce qui s'est passé la semaine dernière.
Dido se chargea de répondre à l'enthousiasme de Marek. Alma n'entendit même pas sa réponse. Dans ses yeux, des larmes perlaient déjà. Elle les essuya, agacée. Elle avait à peine mis le pas dans la pièce qu'elle faiblissait. La boule dans sa gorge grossit.
Elle sortit de son sac une enveloppe blanche, ouverte.
Elle échangea un regard embué avec Dido, qui lui adressa un signe de la tête pour l'encourager. Elle se détourna alors et frappa à la porte du bureau de Niels Bekaert.
— Bonjour Alma, comment vas-tu ? Je t'avais dit que tu n'étais pas obligée de revenir dès ce matin, tu sais ?
Elle déglutit. Lui tendit l'enveloppe. Il fronça les sourcils.
— Je viens te présenter ma démission, articula-t-elle d'une voix rauque.
Son patron ne masqua pas sa stupeur.
— Mais- je- je croyais que tu étais d'accord pour revenir ? Tu m'avais dit que...
— J'aimerais beaucoup, murmura-t-elle. Mais je peux plus. Je-
La suite de sa phrase resta coincée dans sa gorge. C'était le moment où elle devait mentir. Elle ne voulait pas que Niels sache qu'elle allait être incarcérée.
— L'incendie, c'était le truc de trop... Je veux plus rester ici, à Bruges, j'ai besoin de partir, de m'installer ailleurs. J'ai besoin de m'éloigner de tout ce qui est arrivé, de repartir à zéro et de me faire soigner...
En la formulant, elle songea que cette solution lui aurait presque plu. Jamais elle n'aurait voulu quitter Bruges, mais après les deux mois qu'elle venait de vivre, et si Dido l'accompagnait, elle aurait été prête à aller n'importe où. Elle aurait été prête à se « soigner », si seulement elle avait eu quelqu'un pour la prendre en charge. Au lieu de ça, elle allait s'enfermer à la maison d'arrêt en attendant que son procès commence. Elle doutait de sortir guérie du processus.
— Et bien... j'imagine que je comprends...
Niels était tout aussi démuni qu'elle. Et il n'avait toujours pas pris l'enveloppe.
