CHAPITRE 16 : LES DOUTES DU COMMISSAIRE

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 	La petite chambre d'hôpital dans laquelle avait été installée Hedy était pleine à craquer

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La petite chambre d'hôpital dans laquelle avait été installée Hedy était pleine à craquer. Tout autour du lit s'entassaient les quatre autres sorcières. Le visage de Gabriëlle était crispé par l'inquiétude et Beatrix, ne cessait de bailler. La nuit qui était en train de se terminer n'avait pas été de tout repos pour les Van Herzen.

La tête d'Alma reposait contre l'épaule de sa sœur. Elles n'avaient échangé que quelques mots, depuis qu'elles avaient rejoint Merel et Hedy. Juste de quoi s'assurer que pendant le trajet en ambulance, Merel avait réussi à administrer à sa cousine un antidote qui, elles l'espéraient, ferait effet. Puis le commissaire avait passé la tête par l'ouverture de la porte pour ordonner à Alma de se laisser consulter par un des médecins.

Elle s'était exécuté de mauvaise grâce, sans toutefois le montrer. Elle n'avait aucune envie de passer par l'examen scrupuleux d'un soignant, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix si elle voulait sauver les apparences. Coeckelenbergh ne l'aurait probablement pas avoué à haute voix, mais il ne comprenait pas comment elle avait pu s'immerger dans l'eau contaminée des canaux pour aller secourir sa cousine. Et Alma ne pouvait pas lui avouer qu'elle avait l'habitude, depuis son adolescence, de se frotter à des poisons plus ou moins dangereux. Sans parler du fait que le duivelmat l'avait protégée. Je crois que je commence à bien cerner ce poison...

Elle avait donc pris son mal en patience, évacué la fatigue et le choc des événements de la nuit pour se laisser examiner. Aussitôt libérée, elle avait rejoint le reste de la famille dans la chambre de Hedy.

Sa cousine était inconsciente depuis qu'elle l'avait sortie de l'eau. Les Van Herzen ne la quittaient pas des yeux, pour ne pas louper le moindre mouvement qui signifierait qu'elle reprenait conscience. En même temps, elles craignaient toutes que ce signe n'arrive jamais. Et si l'aînée des cousines ne se réveillait jamais ? Tatie Gabië s'en remettrait pas, après Ilse.

Les pensées d'Alma tournaient en boucle. Combien de temps il a fallu pour que l'eau atteigne le rez-de-chaussée ? Elle se repassait ses souvenirs de son arrivée à la maison, du séjour plongé dans l'obscurité. Était-il possible que l'eau ait déjà commencé à monter avant qu'elle rentre ? Si elle avait pris le temps de dîner, d'allumer la lumière, voire peut-être même de descendre à la cave pour aller chercher n'importe quoi, aurait-elle remarqué à ce moment le début d'inondation ? Aurait-elle pu permettre à sa famille de sortir sans mettre personne en danger ?

Elle redressa la tête, lâcha la main de Merel après l'avoir serrée dans ses doigts et jeta un coup d'œil par la minuscule fenêtre de la chambre. Le jour se levait sur Bruges. Hedy ne donnait toujours pas signe de vie.

— Vous voulez un café ? demanda-t-elle.

Sa proposition s'adressait surtout à Bea, dont la mâchoire aurait pu se décrocher d'un moment à l'autre, tellement elle était exténuée. Alma se retourna tout de même vers Gabië, songeant qu'une boisson chaude ne ferait pas de mal à sa tante. Elle était beaucoup trop calme, depuis leur arrivée à l'hôpital. L'état de sa fille la préoccupait, c'était évident. Alma eut de nouveau une pensée pour son autre cousine, celle qui avait quitté la maison après avoir refusé de devenir une sorcière. Tatie Gabië supportera pas de perdre la seule fille qu'il lui reste.

Les sorcières ne se noient pasWhere stories live. Discover now