CHAPITRE 12 : LES CICATRICES INVISIBLES SONT LES PLUS VIVES

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	Dido s'effondra sur le carrelage de sa salle de bain

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Dido s'effondra sur le carrelage de sa salle de bain. Elle était à bout de forces. Ses jambes tremblaient, son cœur battait à cent à l'heure et l'arrière goût de sang dans sa bouche lui donnait envie de vomir. La porte ouverte, les Van Herzen en cercle autour d'une cage de lumière. Elle se hissa sur ses pieds fatigués en se tenant au rebord du lavabo pour éviter que ses genoux lâchent. Alma qui me voit, nos regards qui se croisent. Elle descendit la fermeture de son short et le laissa tomber au sol. Son haut à fleurs suivit. Le regard de Gabriëlle qui me paralyse. Avec le peu de dextérité qu'il lui restait, elle pensa à ôter ses colliers avant de se glisser sous la douche. La course poursuite sur le pont, la toux, le sang, l'impression de mourir. L'eau fraîche qui jaillit du pommeau propulsa un frisson dans tout son corps endolori. C'était agréable, mais ça ne suffisait pas. Dido aurait voulu remonter le temps, revenir à la veille et changer le cours des événements. Oublier cette soirée de l'enfer et la précédente. Ne jamais inviter Alma chez moi. Rester de parfaites inconnues.

Ce n'était pas possible.

Dans la douche, le sang s'écoulait et teintait l'eau d'un doux rose. Bientôt, sa peau ne porterait plus les marques de ce qu'elle venait de vivre. De ce que les Van Herzen lui avaient infligé. Mais rien ne pourrait effacer les souvenirs, tous ces flashs qui étaient désormais gravés au fer rouge dans sa mémoire. Alma qui m'aide à me relever, qui me porte.

Elle secoua la tête d'un geste sec, et ses cheveux éclaboussèrent les parois de la douche. Arrête de penser à elle. Comme elle aurait aimé que les images et les pensées parasites coulent le long de ses joues, de son cou, dévalent tout son corps jusqu'à disparaître comme le sang par l'évacuation de la douche !

L'eau se réchauffa mais Dido resta dessous sans bouger. De la buée se forma sur le miroir, la fumée envahit la salle de bain.

Mais aucune brûlure ne recouvrirait les cicatrices de son esprit.

Elle sortit de la douche, abandonna toutes ses affaires dans la pièce et fila dans sa chambre. Nue, elle s'effondra sur le lit.

Ses rêves étaient peuplés de magie incontrôlable, de canaux empoisonnés, de filles ensorceleuses, de poussière noire et de sang. Elle se réveilla plusieurs fois, suffocante ou paralysée, un cri au bord des lèvres. Lorsque son réveil sonna, beaucoup trop tôt à son goût, elle regretta de ne pas avoir pris un somnifère avant de se coucher.

Je demanderai à Lukas et Achille s'ils en ont.

Tous les gestes qu'elle faisait machinalement d'habitude lui parurent fastidieux. Se vêtir, manger deux tranches de brioche, avaler son café en préparant la valise qu'elle n'avait pas eu le temps de fermer la veille, puis partir sans avoir le temps de se coiffer et de se débarbouiller car elle risquait de louper son train.

Ce week-end, Dido rentrait chez ses pères, à Tournai. Cette parenthèse loin de Bruges pendant deux petits jours allait lui faire du bien.

Mais elle savait aussi qu'elle allait penser à Alma pendant tout le week-end. Qu'elle allait regretter d'être allée lui rendre son portefeuille. Pourquoi j'ai pas réfléchi deux minutes, avant de ressortir ? Pourquoi je l'ai pas simplement appelée pour lui dire de venir le récupérer ?

Les sorcières ne se noient pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant