CHAPITRE 9 : LE DOSSIER EST CLOS

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Alma s'en voulait d'avoir planté Dido de cette façon. Franchement, j'aurais pu être un peu moins froide. La pauvre, tu m'étonnes qu'elle prenne des pincettes quand elle veut me poser des questions !

Elle sortit son téléphone et tapa un message rapide à l'intention de sa collègue.

Excuse-moi, c'était pas très poli de te laisser comme ça. Désolée d'avoir été si mal lunée. Si t'es dispo un autre soir de la semaine, c'est avec plaisir pour ta proposition :)

Elle relut. Pas terrible. Elle envoya quand même. Elle ne voulait pas se laisser prendre au piège d'effacer et de réécrire son message cinquante fois de suite, pour finir par oublier ce qu'elle avait voulu dire.

Le portable vibra dans sa poche quelques minutes plus tard, mais elle se trouvait déjà devant la porte rouge de cette petite maison dans le quartier du béguinage. Le calme de l'impasse était agréable, après avoir traversé le centre-ville où les terrasses des bars étaient déjà pleines de touristes. Le mois de juin était presque là, et Bruges commençait à sentir les vacances. Si le danger des canaux et la mort d'Eleonora ne ternissait pas ce cadre idyllique, Alma aurait presque pu, elle aussi, se laisser aller à l'ambiance estivale.

Après avoir pris une grande inspiration, elle sonna à la porte. Elle n'avait pas envie d'être là. Mais mieux valait se débarrasser de la corvée au plus vite.

La porte s'ouvrit sur une femme menue aux cheveux grisonnants. Elle fronça les sourcils en découvrant Alma.

— Bonjour, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

— Je suis Alma Van Herzen, la fille d'Eleonora... Vous m'avez appelée la semaine dernière à propos du traitement de votre mère...

Le visage de la femme s'éclaira.

— Ah ! Oui. Excusez-moi, vous ne ressemblez pas vraiment à votre mère, je ne vous ai pas reconnue. Entrez, je vous en prie.

Elle fit quelques pas en arrière tout en tenant la porte pour laisser Alma rentrer. Mal à l'aise, la jeune chimiste ajouta :

— Euh... je voudrais pas vous déranger et rester trop longtemps, alors...

— On sera tout de même mieux à l'intérieur. Comme ça, vous pourrez directement constater l'état de ma mère.

— Oui, mais-

La femme s'enfonça dans le couloir sans attendre la fin de la phrase. Alma soupira, referma la porte derrière elle et s'engagea dans la direction empruntée par son hôtesse. Elles entrèrent dans une chambre aux rideaux tirés. Les yeux d'Alma n'eurent pas le temps de s'habituer à l'obscurité, puisque la femme alluma une petite lampe. Alma découvrit alors un lit dans lequel était allongée une vieille femme. Les traits de son visage étaient si paisibles, qu'elle semblait être juste endormie. Mais la perfusion à laquelle elle était reliée prouvait que ce n'était pas le cas.

Les sorcières ne se noient pasWhere stories live. Discover now