27. Premiers émois

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HAZEL

23 novembre 2003

Année de terminale

Sethy retombe gracieusement sur ses pieds, me faisant jurer à voix haute tandis que le ballon roule sur le béton défoncé. Son regard satisfait croise le mien et j'admire le temps d'une seconde ses yeux bridés qui pétillent de fierté.

Sale con.

Sa peau basanée brille de sueur et ses épaules musclées sont mises en valeur par son maillot. Lorsqu'il trottine vers moi pour m'ébouriffer mes cheveux, j'esquive son geste avec agacement en lui adressant mon plus beau doigt d'honneur. Mais cela ne le fait que ricaner, alors que moi, je m'étouffe dans ma frustration de ne pas réussir à l'égaler.

Depuis quelques jours, cet imbécile parvient à dunker et il n'hésite pas à me le prouver à chaque match que nous disputons. Il me rend fou. J'ai l'impression qu'il lui suffit de s'essayer un truc pour y parvenir immédiatement tandis que moi, j'ai beau me tuer à la même chose, je lui arrive à peine à la cheville. J'ai passé tout l'été dernier à sauter jusqu'à m'en briser les chevilles dans le but d'avoir une détente plus impressionnante que la sienne, mais mes doigts ne font qu'effleurer l'arceau quand les siens le dépassent largement. C'est injuste.

Soudainement animé par un esprit de revanche, je profite de son inattention pour attraper le ballon et dribbler jusqu'à l'autre bout du terrain. Sethy met à peine une seconde à réagir et je sens déjà sa présence dans mon dos alors que je n'ai fait que cinq pas. Je jure entre mes dents. Sa condition physique est incroyable ; que ce soit ses foulées, sa vitesse, sa détente ou son agilité, ce connard est doué à tout.

Alors, lorsque je saute pour tenter de marquer, je sais déjà que je n'y parviendrai pas. Pourtant, je me donne à fond et, ignorant la sueur qui me coule dans les yeux et le tiraillement douloureux de mes mollets, je tente de me hisser le plus haut possible. A l'instant où mes doigts atteignent l'arceau, une main puissante apparaît au-dessus de moi et Sethy me contre avec une facilité déconcertante.

J'ai à peine le temps de jurer dans ma tête que mon corps redescend déjà vers le sol, compressé contre celui de mon adversaire du jour. Et c'est le rictus arrogant de ce dernier qui m'accompagne alors que je m'écroule à terre, essoré.

Sethy retombe sur ses pieds et je me retrouve face à ses cuisses musclées qui saillent sous son short. Immédiatement, mon regard remonte le long de ces dernières et je sens mes joues s'enflammer lorsque je devine la forme de son sexe compressé sous le tissu. Mon cœur se met à battre plus vite. Et lorsqu'il me tend la main pour me relever, laissant apparaître la fin de ses abdos, je me maudis d'être aussi attiré par son corps.

Agacé, je cale ma paume contre la sienne et me laisse être tiré vers le haut. Une fois debout, Sethy enroule un bras autour de ma taille avant de plaquer mon corps contre le sien. Mon nez s'enfouit dans son torse et je respire à plein poumon l'odeur de son déodorant mêlée à celle de sa transpiration.

Alors que je m'enivre de cette odeur virile à laquelle je ne parviens pas à m'habituer, une main enserre ma mâchoire puis la tire vers le haut. Mes yeux croisent ceux si sombres de Sethy, et j'admire une nouvelle fois la longueur de ses cils et la noblesse de ses traits. Bordel, comment on peut avoir un visage aussi parfait ?

Malgré moi, mon estomac se tord de façon étrange et une douce chaleur s'éveille dans mon ventre. Puis mon cœur s'affole lorsque je distingue une étincelle que je connais un peu trop bien dans les yeux de Sethy. Une étincelle brillante qui illumine son regard et vient se loger directement dans ma poitrine. Une étincelle qui me secoue jusqu'au plus profond de moi-même et qui remet en cause toutes mes certitudes. Une étincelle de désir que j'adore autant que je méprise.

Raz de marée [En correction]Onde histórias criam vida. Descubra agora