Chapitre 1

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Cinq ans plus tard, Province d'Arrosa, village de Samem

Arya se réveilla en sursaut.

Elle se massa la poitrine, essaya d'effacer la sensation de la lame s'enfonçant jusqu'à son cœur. Elle prit une grande inspiration, pour calmer son corps, couvert d'une fine pellicule de sueur, croyant mourir une seconde fois.

Ses yeux affolés n'arrivaient à se poser nulle part, aussi les referma-t-elle, ne se concentrant que sur sa respiration.

Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration.

Voilà. Elle était en vie. Elle était là. Ceci n'était que le vestige d'une ancienne vie.

Lorsque ses tremblements se furent calmés et sa respiration redevenue régulière, elle se pencha pour regarder l'horloge de sa chambre. 6h42.

Il ne lui restait que peu de temps avant de devoir se lever pour aller à la boutique. Inutile d'essayer de se rendormir, le souvenir était trop vif, à la surface. De toute façon, elle était bien réveillée maintenant.

Elle resta toute de même dans son lit, à flâner. Les échos de son ancienne vie lui revenant. Son père, lavant la vaisselle et envoyant de l'eau sur sa mère d'une secousse de la main. Sa mère, se protégeant en levant un bras, le sourire aux lèvres, une pomme de terre dans sa main. Sa petite sœur lui offrant une rose rouge, avec le regard excité des personnes qui savent offrir un cadeau qui va plaire. Sa grande sœur, éclatant de rire en se tenant le ventre et en renversant la tête en arrière. Un sourire et des iris émeraudes.

Elle rouvrit les yeux.

Autant aller se préparer.

Arya travaillait depuis maintenant trois ans dans la boutique d'herbologie la plus réputée de Samem. Sa patronne, Madame Jupiter, était la plus grande guérisseuse de Arrosa. Des gens de l'empire tout entier venaient quérir ses services. Quand, trois ans plus tôt, elle avait fait courir le bruit qu'elle recherchait une apothicaire supplémentaire, Arya avait tenté sa chance.

Madame Jupiter n'avait jamais affirmé ou réfuter cette rumeur mais il se disait qu'elle avait reçu la bénédiction du Caladrius.

Cet oiseau légendaire pouvait, paraissait-il, guérir même les maladies incurables. Mais il pouvait également être capricieux. S'il vous fixait du regard alors la vie vous était assurée mais s'il avait le malheur de détourner le regard...

Tout le monde cherchait donc les bonnes grâces de Madame Jupiter, que ce soit par crainte de son possible pouvoir ou par admiration de son incroyable savoir.

Madame Jupiter avait à sa charge l'éducation de cinq futurs guérisseurs. Elle leur apprenait anatomie, physiopathologie et même chirurgie et psychologie. Ses connaissances semblaient sans limites. Comme si ce n'était pas suffisant, elle se faisait un devoir de connaître remèdes et traitements en tout genre.

En recherche constante de nouvelles solutions à proposer, elle ne cessait de mettre en place des expérimentations qui n'avaient à première vue ni queue ni tête. Pour l'aider, elle avait sous ses ordres quatre assistants, qui vénéraient le sol sur lequel elle marchait.

Mais ce n'était pas tout.

Pour effectuer ses recherches, elle avait besoin de financements. En plus d'être incroyablement gentille, curieuse et intelligente, elle avait en plus un sens aigu pour les affaires. Oui, Madame Jupiter était cupide, et elle avait bien raison. Son savoir se devait d'être récompensé à la hauteur de ce qu'il donnait à la société. Aussi, elle avait ouvert plusieurs apothicaireries partout dans la province d'Arrosa. Trois se trouvaient à Samem, qui avait un jour été le cœur de l'ancien royaume.

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