Chapitre 29

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Ils se séparèrent une demi-heure plus tard.

Sans révéler où ils allaient, Arya, Pit et Camila partirent vers l'ouest, vers Mistrala. Tous les autres prirent la direction de Davar.

Pit prit Camila avec lui, sur son cheval. Il la positionna devant lui, afin de la maintenir plus facilement. Il fit en sorte de la laisser aussi allongée que possible, pour éviter qu'elle ne s'appuie sur ses plaies. Elle n'avait pas repris connaissance. Madame Jupiter estimait que c'était dû au poison. Tant que celui-ci n'aurait pas disparu de son corps, il était probable qu'elle ne rouvre pas les yeux. Pit devait donc être vigilant à ses signes vitaux : sa respiration, son pouls.

La journée parut interminable pour l'un comme pour l'autre. Ils étaient tellement à cran qu'ils pouvaient craquer à tout moment. Les chevaux étaient poussés à l'extrême. Ils ne faisaient que les pauses absolument nécessaires. C'est à peine s'ils prirent le temps de se nourrir. Aucun d'eux n'avait d'appétit de toute façon, leur estomac était bien trop noué. L'anxiété les rongeait à petit feu aussi certainement que le poison dévorait Camila.

Son état s'empira indubitablement. Son teint devint cadavérique à la fin de la journée. Certains points avaient sauté au cours de la chevauchée, les obligeant à faire compression à l'aide d'une ceinture. Le drain de son poumon était toujours en place et stable. Sa respiration moins sifflante. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il en vienne à abimer ses voies respiratoires. Son pouls devenait irrégulier, premier signe de son instabilité grandissante.

Après huit heures de trajet, elle fit son premier arrêt cardiaque. Pit hurla et l'allongea au sol immédiatement. Arya entreprit de relancer sa machinerie et commença son massage cardiaque. Ses propres battements de cœur étaient assourdissants et elle aurait fait n'importe quoi pour que le cœur de Camila se mette à battre en rythme.

Quand ses battements reprirent d'eux-mêmes, Arya se mit à trembler, incontrôlable.

Puis, la fièvre s'installa peu à peu chez Camila. Son corps combattait. Elle n'abandonnait pas. Mais c'était dur. Et peut-être n'était-ce que repousser l'inévitable.

Après quatre heures supplémentaires de chevauchée, ils s'arrêtèrent pour dormir un peu, en plein milieu de la nuit. A tour de rôle, ils entreprirent de surveiller Camila. Arya ne dormit pas même deux heures avant d'être réveillée par les hurlements de Pit. Camila avait encore une fois arrêté de respirer, son cœur ayant stoppé son affolante course. Arya mit beaucoup plus de temps pour le faire repartir cette fois. Elle crut que c'était la fin, qu'elle n'y arriverait pas. Pit ne put retenir ses larmes. Il s'effondra. Elle aussi.

Le poison avait bien progressé également. Le sang, qui s'écoulait des points percés, était beaucoup moins fluide qu'il n'aurait dû. Au moins s'écoulait-il moins vite, pensa Arya. Si seulement il n'était pas toxique.

Arya nettoya les points et les plaies, écouta les poumons de Camila et comprit qu'il y avait du liquide entre ses poumons et sa cavité abdominale. C'était inévitable. Arya entreprit alors de le drainer à l'aide d'un des tubes percés de Madame Jupiter. Une fois qu'Arya eut fait tout ce qu'elle pouvait, ils repartirent. Les chevaux n'avaient pu se reposer que deux heures. Mais aucun d'eux ne pourrait trouver le sommeil.

Finalement, dix-huit heures après qu'ils se soient séparés de leurs compagnons, ils atteignirent le chalet isolé de Flora et Brit.

Seule Flora les accueillit dans un premier temps. Elle reconnut immédiatement Arya. Sa surprise et sa joie à la vue de son amie s'effacèrent devant son visage défait et ses paroles tremblantes.

Après avoir vu l'état de Camila, elle s'empressa d'appeler Brit. Elle avait compris.

Arya demanda à Pit de rester avec elles. Il refusa d'abord mais Flora et Brit l'y forcèrent. Arya n'avait plus de temps à perdre.

Combattre les LégendesWhere stories live. Discover now