Chapitre 34

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Arrivés dans les appartements de l'empereur, Arya s'empressa d'en faire le tour, aussi excitée qu'une femme vénale puisse l'être en découvrant une suite royale à la richesse renversante. Après réflexion, elle se dit que même une femme moins vénale qu'elle en aurait été toute émoustillée.

La décoration restait sommaire mais tous les candélabres de la pièce étaient en or massif, le mobilier raffiné et élégant. Le marbre blanc des murs rendait la pièce lumineuse et Arya fit mine de se protéger les yeux en entrant.

Les tons étaient clairs, aquarelles. Chaque meuble était propre, pas une poussière ne traînait et tout était ordonné et rangé.

La décoration était plutôt minimaliste. Un tapis persan traînait dans le salon, deux canapés crème et une causeuse en bois massif l'accompagnaient. La chambre était tout aussi élégante et l'immense lit à baldaquin, couvert de draps de soie vert pomme, l'appelait si fort qu'elle faillit se jeter dessus avant de se rappeler qu'elle revenait de trois jours de chevauchée éprouvante. Soudain, elle se sentit terriblement sale et regretta d'avoir foulé le sol de cette pièce immaculée avec sa crasse. Elle s'excusa même à voix haute d'avoir commis un tel péché.

Puis elle s'immobilisa, arrivée devant le seul tableau qui trônait dans la suite. Elle le détailla. Son cœur se serra.

Il représentait l'ensemble de la famille royale, à l'époque où le dernier bambin de la dynastie, la princesse Emeraude, venait de naître. Il était dans les bras de l'Impératrice, dont le sourire heureux transparaissait jusque dans ses yeux aussi verts que la pierre précieuse dont sa fille tirait le nom.

L'artiste avait su retransmettre à la perfection la joie de l'instant et Arya fut certaine que le peintre avait dû être béni.

Ce bonheur se retrouvait sur les traits des trois enfants qui entouraient leur mère. Arya reconnut facilement Neven. Il était adorable, dans les huit ou neuf ans. Il se tenait bien droit, trop droit, regardait devant lui, ses yeux verts saisissants et grand ouverts. Le sourire timide qu'il arborait lui réchauffa le cœur.

Le plus jeune, à ses côtés, restait collé à lui, cherchant du réconfort, voulant disparaître. Il ne devait pas avoir plus de cinq ans. Ronan.

Enfin le plus grand, seul sur la droite de sa mère, était leur portrait craché en version un peu plus âgé. Déjà une aura majestueuse de puissance se dégageait de lui. Il était saisissant. Pourtant entouré de toute sa famille charismatique, c'était lui qui attirait le regard. C'était lui l'héritier. Il était né pour gouverner. Il était né pour être empereur. Il avait été un véritable modèle pour Neven. Il avait été le grand frère aimant et admiré par ses cadets que tous aurait souhaité avoir. Il était parfait. Aimé. Sa disparition avait laissé un vide que rien ne pourrait jamais combler. Aujourd'hui encore, Neven et Ronan en souffraient atrocement.

Au centre de l'œuvre, l'Impératrice, auréolée de ses longs cheveux d'or, une couronne scintillante ornée d'émeraudes sur la tête, regardait amoureusement le bébé qu'elle tenait dans ses bras.

L'Empereur à ses côtés, droit et majestueux, debout derrière elle, une main sur le pommeau de son épée, l'autre sur le dossier du trône de sa femme, semblait transpercer du regard quiconque regardait ce tableau. Une fierté sans nom émanait de ses traits et Arya sut que c'était ce regard que Neven n'avait eu de cesse de chercher. Il n'avait jamais pu faire la fierté de son père, mais, sur cet œuvre, il était évident que le père avait été fier de l'entièreté de sa famille. C'était peut-être pour cela que Neven avait accroché cette œuvre ici. Il n'avait peut-être jamais eu la reconnaissance de son père pour lui seul, mais il faisait partie d'un tout. La majestueuse dynastie d'Obsidian, conquérant et dirigeant depuis des générations, que nul n'a jamais pu égaler en terme de puissance.

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