Chapitre 8

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Le Phoenix n'avait pas bougé. Il avait brièvement penché la tête pour suivre la lame du regard. Quand elle la retira, le sang rouge commença à s'écouler sur son plumage de feu. Une larme avait coulé le long de sa joue.

Il était dit que les larmes d'un Phoenix pouvaient tout guérir. Pourtant, à sa vue, Livie eut l'impression de se briser comme jamais.

Puis soudain, le Phoenix s'embrasa, disparaissant dans une tornade de flammes.

Livie recula, la chaleur l'obligea à s'éloigner quelque peu. Quand son regard se posa de nouveau sur le perchoir, plus aucun oiseau ne s'y tenait. Au sol, à ses pieds, un tas de cendres reposait. Un mouvement attira son attention. Elle s'accroupit.

Emergeant des cendres, une petite tête apparut, se secouant pour chasser les cendres qui la recouvraient. Un oisillon, version miniature de l'adulte qui lui faisait face quelque instant plus tôt, glatit. Les plumes bleues avaient disparu et sa petite queue n'était pas à flammes. Le reste de son plumage restait dans les tons jaune orangé avec des pointes de rouge. Il était adorable.

Mais le destin qui l'attendait était loin de l'être. La journée n'était pas terminée.

- Une renaissance éternelle... m'a plus l'air d'une malédiction à certain égard. Parfois, je me demande si la mort n'est pas une délivrance...

Si Livie venait à mourir, elle espérait ne pas avoir à revivre dans ce monde. Ou du moins, que les choses auraient changé pour le mieux. Se battre était épuisant. Survivre était épuisant. Elle aurait aimé n'avoir qu'à vivre. En tout cas, elle ferait en sorte que le Phoenix retourne à sa vie solitaire après aujourd'hui, elle s'en fit la promesse.

Elle se pencha et attrapa le bébé Phoenix, à peine plus grand que sa main. Elle le glissa dans la sacoche qu'elle avait passée autour de son corps et se dirigea vers la sortie.

Elle devait maintenant fuir le plus loin possible du palais.

La salle était en sous-sol et un seul passage permettait d'y accéder. Elle avait été rapide, malgré ses hésitations, elle espérait donc que personne n'avait encore noté son intrusion. Elle sortit du long couloir et atteignit l'escalier lui permettant de remonter à la surface.

Sa chance s'arrêta là.

On la repéra. Elle dû se battre contre deux gardes, dégainant son épée pour leur faire face.

Elle avait fait partie de la garde d'Arossa durant son apprentissage et avait été affectée à la protection de la famille royale avant que celle-ci ne soit décimée. Elle avait toujours été douée et elle n'avait pas cessé de pratiquer quand elle était arrivée à la capitale. Parfois même avait-elle eu la chance de croiser le fer avec le prince. Elle savait comment se battait Obsidian. Comme tout ce qu'ils entreprenaient, c'était brutal et violent. Tout en force et attaque.

Elle n'arriva cependant pas à les neutraliser, sans effet de surprise. Elle manœuvra comme elle put, ses bras en feu à force de parer, et réussit à s'enfuir.

Ils allaient donner l'alerte, elle allait bientôt avoir à ses trousses bien plus qu'elle ne pourrait gérer.

L'un d'eux la pourchassait. Elle s'engagea dans les couloirs du palais et rejoignit l'aile dédiée aux armées qui était la plus proche, le soldat la collant à la trace. Elle pénétra dans une pièce, après une bifurcation, priant pour qu'il continue son chemin. Elle ne s'attarda pas pour vérifier et avança. La pièce était vide. Une fenêtre donnait sur les jardins intérieurs. Elle s'y précipita et l'ouvrit.

Se glissant dehors, Livie se redressa et aussi naturellement et discrètement que possible se mêla au paysage, avançant d'un pas tranquille. Elle traversa sans encombre et put s'éloigner de l'aile des armées.

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