Chapitre 38

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Tandis qu'elle s'approchait des fracas assourdissants et du chaos qui s'étaient emparés du quartier où l'Isaki était apparu, Camila vit de nombreuses personnes courir se réfugier dans leurs maisons. Elle leur hurla de quitter la ville ou de se rendre dans les tunnels sous la cité, là où certains dispensaires mobiles avaient été établis. Les maisons pouvaient à tout moment être écrasées, détruites par ce géant squelettique, personne n'y serait à l'abri.

Camila croisa d'autres soldats, désireux de prêter mains fortes aux forces alliées déjà en train de se battre et se joignit à eux pour rejoindre le monstre.

L'horreur les consuma. Le spectacle était écœurant.

Les membres supérieurs du squelette s'emparaient aléatoirement de civils et soldats, les portant à sa mâchoire. Lorsque sa mandibule se refermait sur sa maxillaire, le corps de sa victime se découpait sous l'assaut de ses dents aussi tranchantes que des rasoirs. Quand il décidait que ce n'était pas suffisamment satisfaisant, il écrasait dans son poing les corps comme s'il s'était agi de simples friandises, pour en libérer le contenu directement dans son gosier inexistant. Les têtes explosaient, les corps se démembraient.

Les cliquetis des os s'entrechoquant ne cessaient de résonner, devenus spongieux par les giclées de sang et de chair. Des pluies de sang inondaient tout ce qui se trouvait alentours, passant à travers le reste des os. Le liquide rouge sombre recouvrait les os de sa mâchoire, de ses mains, de son cou et ses côtes. Des bouts de viscères, d'organes s'y attachaient, témoignant déjà d'un nombre conséquent de victimes en si peu de temps.

L'allure des soldats ralentit à cette vision cauchemardesque.

Gashadokuro avait faim mais rien ne pourrait jamais assouvir son appétit, tout simplement car il n'avait pas d'estomac. Il ne cesserait jamais de dévorer les personnes qui lui tomberaient sous la main.

Puis, sous leur yeux ébahis, alors que la situation était déjà atrocement critique, l'Isaki devint invisible.

Sa vitesse semblait déjà impressionnante, mais comment éviter une poigne que l'on ne pouvait voir venir ?

Tandis que le carnage continuait, espérant restée hors de portée du squelette carnivore, Camila finit par rejoindre un groupe de soldats. Leurs armures étaient déjà couverte de sang.

Certains blessés, les plus chanceux qui avaient survécu aux hachoirs des dents de Gashadokuro et à la chute qui s'ensuivait, avaient été amputés, perdant une partie de leurs membres inférieurs. Pour d'autres, blessés plus gravement, il ne restait que la partie supérieure de leur corps. Les cris de douleurs des uns résonnaient, faisant écho aux sanglots effrayés des autres. Plusieurs personnes étaient également prisonnières des décombres. Des pans de maisons entiers avaient été détruits. Certaines voies d'accès, de fuite, étaient bloquées par les gravats. Les visages de chacun exprimaient l'expression de ceux qui font face à la mort et qui se savent impuissants. Telle une vague prête à les submerger, la faim de Gashadokuro allait les ensevelir, quoi qu'ils tentent.

Sur des dizaines de mètres à la ronde, des personnes étaient piochées et disparaissaient dans les mâchoires dévorantes. A ce moment-là, l'Isaki réapparaissait, comme pour les narguer. Une grande partie du quartier avait été détruite mais nul ne pouvait prévoir quel serait le prochain bâtiment, qui serait la prochaine victime.

Bien qu'étant très lent, l'alternance entre ses apparitions et disparitions ne cessaient de varier, accélérant avant de ralentir, laissant un instant de répit très vite anéantie par la prochaine vague de destruction.

Plusieurs bénies tentaient de le repousser, les Flammes de la Salamandre en faisant partie, ou encore le Souffle de la Sylphide, mais rien ne semblait l'atteindre. Les flammes n'étaient-elles pas assez fortes ? Les lames de vent pas assez tranchantes ? Les épées grinçaient et cliquetaient sur les os, glissant sans jamais trancher.

Combattre les LégendesWhere stories live. Discover now