Cœur de fer

Le début de la fin

NDA : Petite précision. Cette histoire date de plusieurs années (je l'ai écrite en classe de seconde) et ne reflète donc pas forcément mes valeurs ni mon style d'écriture actuels, qui ont bien évidemment évolué depuis. Je la poursuis malgré tout pour lui donner une fin. Pour celles et ceux qui continueront, je vous souhaite une bonne lecture ^_^

Insta : h.h.brown.auteure !

J'ai été condamnée à mort.

La scène me revient sans cesse en tête, comme un poison impassible face aux effets du temps.

L'habituel rayon de Lumière qui inondait la Place Centrale du Palais Lumineux me contraignait à baisser la tête. Chose qui ne me déplut pas, en soi, en raison des regards pesants qui coulaient sur mes épaules. On s'apprêtait à me juger.

Publiquement.

Mes pieds nus s'enfonçaient dans la surface duveteuse qui tapissait l'immense nuage sur lequel était bâti le Palais Lumineux. Ma Terre natale. Un îlot noyé par l'infinité bleutée des Cieux. L'habitat des miens, dieux de Lumière, aussi surnommés les Lumineux.

Des fleurs colorées ancraient leurs racines délicates entre les gouttelettes d'eau condensées, au-dessus duquel nous circulions comme des humains le feraient sur un trottoir de goudron. Sauf que ces fleurs se formaient à chacun de nos pas, conquises par notre bonté communicative et par la Lumière bienfaisante que nous dégagions.

Mon frère maintenait mon bras droit, afin de me guider en direction du précipice sacré : le lieu du jugement. Ceci sous les regards toujours plus insistants de mes congénères. Ils chuchotaient, se poussaient du coude, me désignaient du menton et scrutaient une fois de plus mon écrasante différence physique. Car, hormis la blancheur de mes vêtements, mon apparence divergeait de la leur par bien des manières. A commencer par ma chevelure bleue. Celle qui détonnait parmi cet assaut de blancheur permanent. En passant, aussi, par mes yeux bleus luminescents et le mauve singulier de mes ailes.

J'étais différente. Pas d'yeux entièrement éclairés par une lumière blanche, pas d'ailes immaculées ni de cheveux normaux au menu. Peut-être, d'ailleurs, était-ce pour cette principale raison que tous les Lumineux s'étaient déplacés en vue d'assister à ma condamnation. J'étais l'autre, l'être le moins Lumineux qu'abritait le Palais, celle qui pouvait s'énerver et ressentir un besoin de vengeance inconcevable. Un danger ridicule, je ne savais même pas me battre ! Mais ces êtres avaient en horreur l'originalité.

J'étais, à leurs yeux, une expansion du Mal. Or, la malfaisance, c'était l'ennemi, le piédestal du chaos, l'ombre qui ronge la Lumière. Cette doctrine fondamentale obligeait leur bonté d'âme à se museler pour la défense du Bien.

Le Bien, avant tout.

Le Mal, à évincer.

Je relevai la tête.

Dans quelques regards, une bataille interne se reflétait. Pour, ou contre ? Méritais-je cela ? Certains bras se tendaient naturellement vers moi, des corps tremblotants semblaient s'aimanter au mien : inconscients bienveillants prêts à partager mon fardeau. Des larmes de lumière perlaient au bas de paupières bouffies et joues rougies par des pleurs douloureux.

Ils n'étaient pas mauvais, ils exécraient simplement la mort.

Mais aucun ne passa le pas.

Mis à part ces poignées d'indécis, seule une étincelle d'empathie luisait dans les yeux de la plupart. Si je n'avais pas su les détecter, ils m'auraient tous paru aussi sensibles qu'une roche.

Les silhouettes blanches monopolisaient l'espace circulaire qui délimitait la Place Centrale. Impossible de distinguer l'horizon céleste, les spectateurs étaient trop nombreux.