Retour aux sources

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Juste un petit mot : quand j'écris « Sa Majesté », ce titre fait référence au Roi, soit au père d'Alicante et de Krycléine. C'est du Roi dont Krux parlait, c'est lui qui l'a assigné au Conseil et toujours lui qui tue ses « amantes » et torture dans sa salle perso. (Charmant, je sais x))

***

Je demeure immobile, la tête à peine tournée vers eux. Mes yeux sont si peu ouverts qu'ils doivent sans doute paraître fermés. Les espoirs de libération ont beau m'envahir, je ne suis pas moins consciente du fait que nos dernières rencontres se sont soldées par une dispute puis une torture ordonnée par Alicante.

Genesis se retrouve en moins de deux accroupi, une main sur mon front, l'autre occupée à relever mon menton. J'aurai juré que son étonnante attitude reflète une profonde inquiétude. Seulement, comme à l'accoutumée, l'hermétisme dû à son self-control légendaire ne permet pas de capter ses ondes émotionnelles.

Ces effluves perceptibles en cas de perte de contrôle. C'est-à-dire, rarement.

-Ecclésia ? Est-ce que tu m'entends ?

Il s'incline afin d'aviser mes paupières. Alors, de brèves connexions neuronales se font et j'opte pour un comportement hautement critiquable : celui de l'autruche. Je me terre sous mon apparence déplorable, me cache derrière mes cernes, blessures et manque d'énergie pour fuir ce regard angoissé. Car j'ai honte. Honte de tout ce qu'il a dû subir par ma faute. Honte qu'il se sente obligé de se déplacer, de quitter ce quatrième étage. Honte qu'il en vienne à s'inquiéter encore, pour ma petite personne...

Alors que je suis nocive.

Il claque des doigts devant mon visage. Je suis si éreintée que le sursaut ne s'opère pas.

-Ecclésia ! s'écrie Icanée.

Sa petite main se pose sur ma jambe. Sa chaleur transperce la soie du pyjama.

-Elle peut nous entendre ? demande-t-elle à son frère.

-Je ne sais pas, répond-il en soulevant l'une de mes paupières, du bout du pouce.

Il relève davantage mon visage. Une étincelle de Lumière jaillit peu après, depuis l'index qu'il dirige vers mon œil droit. Une seule seconde suffit à analyser la dilatation de mes pupilles. Une seule pour qu'il finisse par me relâcher puis plisser les yeux.

-Icanée, va chercher l'eau.

L'intéressée hoche la tête, heureuse de pouvoir apporter sa pierre à l'édifice, puis s'attelle à la mission que lui a confié son grand frère. Le Soigneur plante un regard suspicieux au niveau de la fine entrouverture de mes paupières.

-Je ne t'en veux pas, tu sais.

Elles frétillent malgré moi. Il esquisse un sourire fugace.

-Ecclésia, soupire-t-il en s'asseyant, les coudes posés sur ses genoux repliés. Tu aurais d'ailleurs dû me laisser encaisser tout cela. Je n'en suis plus à une séance près, déclare-t-il en longeant le poteau du regard.

-Tais-toi.

-Je suis désolé.

-Tais-toi, répété-je plus crûment.

Son discours exacerbe mon dégoût envers moi-même.

-Non. Je suis désolé, répète-t-il en appuyant chaque mot. Lorsqu'il s'agit d'Icanée, j'ai tendance à devenir irraisonnable. Cette chipie a refusé de rejoindre son lit depuis qu'ils ont commencé à te...soi-disant parce qu'elle en avait assez d'être seule. Mais je me doutais bien qu'elle attendait que je passe à l'action. Et moi, j'attendais qu'elle rejoigne sa chambre habituelle pour éviter de l'impliquer davantage. Evidemment, elle est têtue. Trop têtue. Or, je ne pouvais pas te laisser souffrir une journée de plus.

Cœur de ferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant