Oak Ridge Campus #1 King ©

Chapitre 32 - Brooke ⛸️

La grande horloge de la salle à manger sonne 20h. Les bruits des couverts sur les assiettes en porcelaine et de mastication emplissent la pièce, brisant ce silence pensant et omniprésent.

En débarquant chez les Kingston, je ne m'attendais pas à une telle... froideur. Certes, Asher m'a prévenu de sa relation tendue avec son beau-père, mais je n'imaginais pas qu'il en était de même avec sa mère.

Lors de notre arrivée, cette dernière s'est empressée de venir recevoir son fils, telle une maman languissante de son absence. Il a fait quelques efforts, mais j'ai rapidement senti qu'il était loin d'être à l'aise. Et ce sentiment s'est renforcé lorsque son parrain a fait son entrée. Si les regards pouvaient tuer, je pense que M. Smith serait mort depuis le début de la soirée.

Vis-à-vis de moi, bien que surpris par ma venue, ils se sont montrés accueillants et Mme Kingston-Smith a demandé à leur gouvernante de préparer la chambre à côté de celle de King. Cette décision ne m'a pas spécialement étonnée, en général, ça ne plaît pas des masses aux parents que leurs enfants puissent s'envoyer en l'air sous leur toit.

Le principal, c'est qu'ils ne voient pas ma présence d'un mauvais oeil. Et rien que ça, c'est un soulagement.

— Alors, comme ça, tu étudies aussi à l'université d'Oak Ridge ? me demande la mère de King.

Je lance un petit regard à son fils, il semble toujours aussi mal luné que depuis que nous avons franchi le seuil de la maison.

— C'est cela, j'ai été transférée depuis Lake Point en ce début de semestre, expliqué-je.

— Et dans quelle branche ? poursuit M. Smith.

Son allure imposante, virile, me fait quelque chose. Il est vraiment intimidant, ainsi que charismatique.

— En sociologie, réponds-je, sans détours.

— Et tu aimes tes études ? continue gentiment la maîtresse de maison.

— En toute honnêteté, pas vraiment. Mais j'aime terminer ce que j'ai commencé.

— King, tu devrais en prendre de la graine, lui reproche son beau-père. On n'étudie pas toujours ce que l'on veut dans la vie.

Cette remarque lui vaut un nouveau coup d'œil massacrant de la part de son beau-fils. Les mâchoires contractées, on dirait qu'Asher est sur le point de l'étriper sur place. La tension cumulée au niveau de ses épaules est plus que visible, on sent qu'il lui planterait bien le bout de sa fourchette quelque part.

Assis en face de moi, je me contente de lui foutre un coup au niveau du tibia afin de le faire revenir à la raison. King tourne son regard fauve, assombri par la colère, vers moi et semble se calmer.

— Vous sortez ensemble depuis longtemps ? renchérit sa mère pour changer de sujet.

— Une semaine, grogne Asher.

Sa réponse créé une vague de stupéfaction chez les deux adultes. Visiblement, ils ne s'attendaient pas à ce que notre relation soit aussi... récente.

— Nous nous connaissons depuis le début du semestre, ajoute mon copain.

— Et tu amènes une fille que tu connais à peine à une réunion familiale ? marmonne M. Smith, loin d'être ravi par cette découverte. N'as-tu donc honte de rien, Asher ?

Face à cette question rhétorique, le joueur de hockey se lève d'un bond, faisant basculer sa chaise en arrière. Les poings serrés, il s'agit de la première fois que je le vois dans un tel état. Des provocs, il doit en essuyer continuellement dans le sport qu'il pratique. Pourquoi n'arrive-t-il pas à contrôler sa colère face à cet homme ?