Chapitre 36 - Brooke ⛸️

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Blottie dans ses bras, plusieurs minutes se sont écoulées depuis le dernier mot prononcé. J'apprécie ce calme, cette quiétude, qui nous enveloppe. Le fait de ne pas être obligés de parler pour se comprendre, pour imaginer ce que l'autre ressent. Sa main, enfouie dans mon cuir chevelu, caresse tendrement ma nuque, me filant des frissons plus qu'agréables. J'entends les battements réguliers de son cœur, qui de temps en temps s'accélère, sans aucune raison apparente.

Cependant, notre petite bulle éclate au moment où mon portable commence à vibrer frénétiquement dans mon sac à main. Nous tressautons et nous écartons tandis que je m'empare de mon téléphone, pour y voir le nom de ma grand-mère s'afficher sur l'écran. Une vague d'inquiétude me submerge et me traverse le visage.

— Décroche, m'incite King. C'est sans doute important.

En effet, elle ne me dérangerait pas sans une raison d'envergure, même si elle pense que je suis chez Poppy.

— Allô ? réponds-je finalement en m'éloignant un peu du hockeyeur.

— Je suis désolée de te déranger, ma petite, mais il faut que tu rappliques à la maison, m'annonce-t-elle d'une voix tendue.

De plus en plus surprise, je fronce les sourcils. Voilà qui est étrange, on dirait qu'elle cherche à esquiver la raison de son appel.

— Tu ne te sens pas bien ?

— Je pourrais aller mieux, soupire-t-elle, lasse. Ta mère est ici, Brooke.

Un froid intense me glace le corps, ma main qui tient le combiné se met à trembler et mon cœur menace de s'arrêter. Qu'est-ce... qu'est-ce qu'elle vient foutre à Oak Ridge, bon sang ?

La savoir chez moi, dans mon domaine, met mes nerfs en pelote. De quel droit débarque-t-elle chez la mère de son ex-mari ? Sans prévenir, en plus !

— Hey, murmure King en attrapant ma main libre afin de la caresser. Tu es livide.

Et pas qu'un peu ! L'envie de gerber me prend au bide, je ne peux qu'espérer le pire avec cette femme dans les parages. Pourquoi se sent-elle obligée de foutre mon monde en l'air ? Ces dernières semaines, loin d'elle, étaient idylliques. Je ne comprends pas ce qu'elle cherche. Elle ne m'a plus dans les pattes, elle devrait en être ravie, pas vrai ? À moins qu'elle s'ennuie de ne plus avoir personne à malmener et à humilier.

— J'ai tout tenté pour qu'elle déguerpisse, me confie ma grand-mère, mais elle est tenace. Elle veut te voir, et elle ne s'en ira pas jusqu'à ce que tu rentres. Alors, soit tu rappliques, soit j'appelle les flics.

Et Bernadette Greene en serait tout à fait capable.

À quoi joues-tu, Roxane ? Pourquoi t'être donnée la peine de te déplacer ? J'ai répondu à tous tes foutus appels, même s'ils me foutaient le moral à zéro, rien que pour ne pas te voir à nouveau débarquer dans ma vie. En vain, visiblement.

— À toi de décider, ma petite.

J'aimerais tout autant qu'on m'enfonce des bouts de bambou sous les ongles. Cependant, même si j'ai un léger moment d'hésitation, je me reprends relativement vite. Je suis une adulte, je peux lui faire face, après tout, je n'ai rien à me reprocher. Ce qui me fout en panique, néanmoins, c'est qu'elle raconte à ma grand-mère pour cette saleté de vidéo. Elle en serait tout à fait capable.

— Je serai là dans une heure. Essaye de ne pas commettre un meurtre.

À bout, je raccroche et focalise mon attention sur Ash, qui me dévisage avec curiosité. Nous aurions dû partir dans la soirée, mais il semblerait que les plans aient changé. Moi qui me faisais une joie de passer la journée auprès de lui et de, peut-être, terminer ce que nous avions commencé ce matin... Cette visite m'angoisse tout autant qu'elle m'agace.

Oak Ridge Campus #1 King ©Where stories live. Discover now