9 - Amicus (troisième et dernière partie)

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Le lendemain, lors de son réveil, Ellynn se retrouva seule dans l'unique lit de l'habitation. Son esprit était encore embrumé et sa bouche pâteuse lui donnait l'impression d'avoir été malade toute la nuit. Lorsqu'elle voulut se redresser, elle trébucha sur la couverture qui avait été mise sur elle et dut faire un effort considérable pour que ses jambes soutiennent son corps flasque. Petit à petit, elle essaya de rassembler ses souvenirs. En moins d'une journée, elle avait retrouvé Salomon le Fou, qui était en fait Amos, l'homme qu'elle recherchait depuis le décès de sa nourrice.
Elle tournait en rond dans la pièce, ne sachant pas trop quoi faire. Ni Amos ni Timolas n'étaient présents et il n'y avait rien qu'elle puisse se mettre sous la dent. Quand elle réalisa qu'elle n'avait pas vu Gladius depuis la veille, elle voulut descendre par la trappe mais fut incapable de l'ouvrir. Celle-ci avait, semble-t-il, été fermée à double tour pour l'empêcher de sortir.
Pestant sur Amos, Ellynn se dirigea vers la fenêtre pour voir si elle pouvait voir son tigre mais décanta rapidement quand elle remarqua que l'arbre était anormalement feuillu et qu'il l'empêchait de voir le sol. Tout ce qu'elle parvenait à voir, c'était la rosée du matin qui sublimait les arbres autour du chêne. Les petites bourrasques de vent qui venaient frapper son visage la rafraichit et lui permit d'avoir les idées un peu plus claires.
Une bonne partie de la matinée s'était déjà écoulée quand elle entendit le bruit d'un loquet. Ils étaient de retour et Timolas fut le premier à passer par l'ouverture. 

- Ah ! Elle est réveillée, s'adressa-t-il à Amos qui devait le suivre de près manifestement.

Ellynn lui fit son plus beau sourire forcé avant de reporter toute son attention sur Amos. 

- C'est toujours votre tactique ? lui dit-elle cinglante dès qu'elle le vit passer l'ouverture. Endormir les gens contre leur gré puis les laisser mourir de faim ?!
- Elle s'est réveillée du mauvais pied, rit Timolas, en déposant son carquois juste à côté de la table.
- HA !
- C'est nouveau ?
- Quoi ? Que tu te lèves du mauvais pied ?! Non ! éclata de rire Timolas.
- Je te parlais de ton carquois et ton arc à flèches !
- Ah ça ! dit-il comme s'il n'avait pas compris sa question dès la première fois, affichant toujours son sourire. C'est un cadeau d'Amos. Jalouse ?

Ellynn ne répondit pas à cette pique mais dut admettre en son for intérieur que l'arc ainsi que son étui étaient sublimes. Même de loin, elle pouvait remarquer la finesse des détails et la beauté de l'arrondi de l'arc. C'était de loin le plus bel arc qu'elle ait jamais vu.

- Tu sais manier l'arc ? lui demanda abruptement Amos.
- Vous savez manier l'épée ? lui répliqua-t-elle sèchement.
- HA ! Oui – il déposa son bâton et ramassa la couverture qu'elle avait laissée au sol, ne faisant pas attention à sa mauvaise humeur – bien que je préfère n'utiliser que mon Amicus et mon bâton. Tu as appris ça avec ton père ?

Son ventre gargouilla dangereusement, lui rappelant qu'elle n'avait pas mangé depuis plus d'une journée. 

- Tu as faim ? lui demanda Amos inutilement.
- À votre avis ?!

Elle détestait se comporter ainsi mais tout l'énervait : du sourire stupide de Timolas au fait de s'être fait avoir comme une débutante par Amos la veille.

- Je vais chasser, dit Ellynn en se dirigeant vers la trappe, attrapant au passage son épée.

Les marches étaient toujours présentes et elle en profita pour sortir sans attendre leur bénédiction. La descente ne fut pas aisée mais elle fut heureuse qu'ils n'aient pas tenté de l'arrêter. Quand elle toucha le sol, elle retrouva Gladius qui l'attendait au pied des marches. À sa vue, il ronronna et se frotta à elle, heureux de la revoir.

- Coucou mon beau, lui murmura-t-elle affectueusement en le caressant.

Ellynn s'assit au sol et attendit que Gladius vienne se lover entre ses jambes. Elle adorait faire ça car il venait fourrer sa tête contre elle et elle pouvait le gratouiller tendrement derrière les oreilles et sur son museau.
Alors qu'elle venait de s'assoir, Ellynn entendit un lointain crépitement. Elle se leva et chercha du regard ce qui pouvait bien provoquer ce bruit. Voyant que Gladius n'était pas préoccupé par celui-ci, elle sillonna un peu les alentours avant de tomber nez à nez avec un grand feu de camp. L'odeur qui lui parvint jusqu'aux narines lui donna envie de se jeter sur les brochettes qui cuisaient.
Puis, timidement et sans savoir s'ils avaient ramené quelque chose pour elle, Ellynn se prit une brochette qu'elle mordilla avec délectation. Elle ne savait pas dire quelle viande c'était mais c'était goûtu et son estomac en redemandait. 

Ellynn Morgan et les Chasseurs Noirs (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant