Ellynn Morgan et les Chasseurs Noirs (tome 1)

12 - Code: Pirate (troisième et dernière partie)

Attilius n'avait pas levé le ton, démontrant ainsi qu'il n'était pas fâché qu'elle s'emporte face à lui, mais souhaitait qu'elle le laisse poursuivre sans qu'elle ne l'interrompe.

- Tout cela est fort nouveau pour toi, commença-t-il doucement dès qu'il vit qu'elle s'était calmée. Je me doute que tu dois être assez chamboulée par tout ce qui t'arrive puisque John ne t'a jamais parlé de notre existence ou de son réel travail.

Il la regarda tristement.

- Pour que tu puisses comprendre les événements d'aujourd'hui, il faut remonter à une quinzaine d'années dans le temps. 

À ces mots, il se leva et se dirigea vers un tas de bois qui se trouvait à quelques mètres du banc. Il s'abaissa, toucha le bois de sa main et des flammes se propagèrent pour former un magnifique feu de bois.
Satisfait, il se releva et joignit ses mains dans son dos.

- Ton père était le capitaine d'une flotte de trois bateaux ainsi que l'un des trois Généraux de la Légion Maos.
- La Légion Maos ? demanda Ellynn.
- HA ! C'est une armée composée de soldats venant de différents royaumes dans ton monde. Peu de soldats ont le privilège d'intégrer cette élite militaire et ton père commandait, et commande d'ailleurs toujours, ces troupes avec deux autres Généraux.
- Seuls les Généraux de la Légion sont au courant de notre existence, poursuivit Attilius, et cela dure ainsi depuis des centaines d'années. Ton père, dès son arrivée à ce poste, a été mis en contact avec moi, le chef de la Garde Elfique. À cette époque, nous avions une mission de la plus haute importance qui a été confiée à ton père et à Amos. Malheureusement, lors du dernier jour de la mission, rien ne s'est déroulé comme prévu.

Amos baissa la tête et ses yeux dénués d'expression contemplèrent la table comme s'il se remémorait les tristes souvenirs dont parlaient Attilius.

- L'un des trois bateaux, le Mouton Noir, n'est pas arrivé au point de rendez-vous comme prévu. Ton père et Amos ont eu très peu de temps et de marge pour réagir car nous ne nous étions pas préparés à un cas de figure pareil. C'est certainement l'une de mes plus graves erreurs que nous payons encore aujourd'hui.

Attilius marqua une longue pause que personne n'osa interrompre. Même sans voir son visage, Ellynn pouvait ressentir qu'il s'en voulait et qu'il ne s'était toujours pas pardonné. 

  - Quand John est arrivé à La Mouette – le petit village où tu habitais étant petite – sa maison était en feu et ta gouvernante t'avait sortie in extremis de ta chambre qui menaçait de s'effondrer. En aidant les villageois à éteindre les flammes, l'un des matelots de ton père a remarqué plusieurs foyers, prouvant ainsi que l'incendie était criminel. La suite – il se retourna pour la regarder, son visage partiellement illuminé par les flammes qui dansaient dans son dos – tu la connais en partie. Ton père s'est installé dans les bois de l'Iris, à proximité de Bruxellae, là où il avait grandi avec ses parents, et c'est ta nourrice qui s'est occupée de toi pendant ses absences.
- Je pense, le coupa Timolas, qu'elle ne comprend pas tout ce que vous lui expliquez et qu'elle n'ose pas vous le dire.
- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? lui demanda Attilius, sans broncher qu'il se fasse interrompre dans son récit tandis qu'Ellynn fusillait Timolas du regard.
- Depuis le début – Ellynn reporta son attention au chef de la Garde qui ne l'avait pas quittée des yeux – vous parlez d'une mission. Quelle était-ce ? Puis pourquoi mon père a-t-il écrit « Code : Pirate » dans sa dernière lettre ?

De biais, elle pouvait voir que Timolas semblait tout aussi avide qu'elle de connaître les réponses mais prenait une attitude dégagée pour que personne ne s'en aperçoive.

- Nous ne parlerons pas de cela ce soir. Ce n'est pas à moi – il haussa très légèrement le ton en voyant qu'Ellynn allait protester – de te parler de certaines parties de cette histoire. Je ne suis pas ton père et ne me permettrai pas de prendre la décision de te parler de certaines choses sans avoir son aval.