7.1 Une goutte d'eau dans l'océan

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Je prétexta un mal de crâne à l'infirmerie et sortit du lycée. Je n'avais aucune envie de rentrer "chez moi". Le seul endroit où je voulais être, c'était dans le salon de Chimchim, un saladier de pop corn dans les bras, devant un bon film avec lui et Momo.

Peu désireux de retrouver l'ambiance froide et impersonnelle de notre nouvel appartement, je laissais mes jambes me guider au hasard dans la ville. Je passais devant des rues animées, avec des gens heureux, ou pressés, me bousculant, criant, riant. J'empruntais par la suite des rues moins passantes, des parcs abandonnés, passais devant des cimetières et autant de lieux et d'ambiances differences qu'il puisse exister.Je ne me rendis compte du chemin que j'avais parcouru uniquement lorsque mon ventre se mit à crier famine. Il devait être 16h, et je n'avais pas la moindre idée de l'endroit ou je me trouvais. Mes jambes me paraissaient lourdes d'avoir marché toute la journée, et je me laissai tomber sur le banc d'un jardin d'enfants. Je sentis la fatigue accumulée depuis la rentrée prendre le dessus  et je m'endormis.

Lorsque je me réveillais, il faisait déjà nuit. La brise légère et le doux soleil du mois de février avaient laissé place à un vent glacial, et un ciel sombre. Les mailles légères du pull de mon uniforme n'étant pas assez serrées pour me protéger du froid, et je sentais chaque coup de vent me brûler la peau. Le mal de crâne que j'avais inventé pour sortir du lycée était désormais bien réel et je voyais trouble. Mon nez coulait, mes mains tremblaient, et les extrémités de mon corps étaient gelées.

Combien de temps étais-je resté sur ce banc ? Je sortis mon téléphone de ma poche et la lumière de l'écran m'eblouiit. 21h30 ? J'étais resté à demi mort sur ce banc pendant plus de cinq heures ? Tu m'étonnes que j'ai attrapée la crève...

Je tapais l'adresse de mon immeuble sur Google Maps pour retrouver mon chemin et constatais que j'étais a plus de deux heures de "chez moi" a pieds. Je sortis du parc tant bien que mal, titubant comme si j'étais saoul, et tacha de me repérer. Il était inconcevable que je rentre a pieds, je n'étais pas capable de marcher droit, et je finirai probablement par m'évanouir avant d'avoir fait le premier tiers du trajet. Je tachais donc de repérer la station de métro la plus proche, mais sentant petit à petit toutes mes forces me quitter, j'abandonnai tout espoir me laissai m'écrouler par terre. Je connaissais la suite ; mort de froid, ou kidnappé par un gang de trafiquant d'organes, mes parents inquiets jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que leur vie est bien meilleure sans moi, Momo et Jimin dévastés, et c'est tout. Voilà ce à quoi se résumait mon existence. Une goutte d'eau dans l'océan.

Ma vie dans un cartonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant