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PDV KEN

Le bruit de la cafetière qui coulait le café emplissait l'appartement, se révélant être le seul son qui dégageait de la pièce. Alice était dos à moi, à sortir des tasses, voyageant dans tous les coins de sa kitchinette, fouillant dans les placards. Tandis que moi je restais debout derrière elle comme un con, ne sachant pas quelle attitude adopter.

Depuis qu'on avait quitté la voiture, aucun mots n'avaient été échangés entre moi et le brunette. Vu le déroulement de la journée, la discussion semblait compliqué à installer. Etc'était bien la première fois que je voyais Alice aussi silencieuse. Depuis qu'on avait quitté le cimetière, beaucoup de questions me brûlaient la gorge, notamment au sujet de mon fils. Elle était la dernière à l'avoir vu, et alors que j'avais pas eu les couilles de faire face à sa tristesse, en me voyant ici plutôt qu'à ses cotés, je me sentais mal. Ma place aurait dû être avec lui, et la sienne dans mes bras. J'étais son père, c'était mon rôle de le réconforter mais, avec la présence de Clémence, tout devenait plus compliqué.

Je fut tenté de prendre la fuite, prétextant une connerie pour échapper à ce lieu. Je me sentais super mal à l'aise d'être avec Alice, dans son propre appartement alors que son mec était chez "moi" à s'occuper de ma femme et de mon fils que j'avais fini par détruire. J'étais pas le seul fautif, puisque moi aussi de mon coté j'étais pas au top de ma forme. Ma visite au cimetière avait fini par achever mon moral déjà au plus bas. La perte d'un proche était ce qu'il y avait plus de dur à supporter, et à chaque fois que j'allais voir mon pote de longue date, la rancoeur suite aux circonstances de sa mort me montait à la bile. Mon esprit était embrumé par des pensées sombres mais, pour une fois, je ne me sentais pas vide. Je me sentais comme tous les gens normaux, juste triste et avec le moral à zéro. Mais aucun doute concernant ma propre existence ou sentiments de mort intérieur ne fit surface.  Preuve que mon travail à l'HP portait ses fruits.

Jetant un coup d'oeil à la fenêtre de la binoclarde, je soupira en comprenant que j'allais devoir rester ici malgré tout étant donné qu'à l'extérieur, Paris croulait sous la flotte. Mais le silence pesant qui nous enveloppait avec Alice devenait limite insupportable. Malgré ses sourires, je voyais bien que la brune était elle aussi plongé dans ses vieux souvenirs. Ni elle, ni moi n'étions sorti heureux de notre excursion sur les tombes de nos proches. Et cette ambiance commençait à me peser, à croire que dès que je rentrais dans une pièce, aussitôt j'installai un climat de tensions ou de malaise. Mais j'savais pas comment briser ça, ne sachant quel sujet abordé puisque tout ce qui ne cessait de tourner dans mon crâne était les sujets de Clémence et d'Ewen. J'étais incapable de penser à autre chose et les paroles de Clémence me percutait en plein fouet, comprenant que d'ici quelques temps, j'allais devoir tirer un tait sur tout ça et apprendre à vivre sans elle. Car, dans la bagnole d'Alice, j'avais pas mal réfléchi à ce qu'elle avait dit et, avec agacement, j'avais conclu à l'idée que ma brune avait raison sur toute la ligne. On pouvait pas continuer comme ça au risque de faire imploser notre fils. Nous éloignés l'un de l'autre était la seule solution mais j'avais peur que cette prise de distance apporte plus de couilles qu'autre chose car ni elle, ni moi n'étions capable de nous tenir loin l'un de l'autre. C'était chelou mais on était comme deux putains de boomrangs, dès qu'on essayait de prendre une direction différente, à la fin on finissait toujours par revenir l'un vers l'autre, en se percutant de pleins fouets. Comme deux aimants maudits.

- Tu prends du sucre ?

Lâchant la fenêtre du regard, je me racla la gorge et hocha la tête devant la question de la brune qui me sorti de mes pensées. Aussitôt, elle retourna à ses occupations et je soupira. Parocurant la pièce des yeux, je tenta de trouver quelque chose pour empêcher mon cerveau de surchauffer sous la tonne de réflexions qui menaçait de le faire exploser. Mon regard atterit alors sur la bibliothèque de DVD d'Alice, et après avoir enlevé ma veste, je décida d'y jeter un oeil. M'éloignant de la cuisine.

𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔Where stories live. Discover now