𝐈𝐍𝐀𝐂𝐇𝐄𝐕𝐄́ | 𝐍𝐄𝐊𝐅𝐄𝐔

- 74 -

PDV KEN

Clém' avait coupé le moteur depuis une dizaine de minutes mais aucun de nous deux ne daignaient bouger. Collés aux sièges, écoutant la radio qui passait le dernier tube de G-Eazy : « Me, Myself & I ». Un rap US que je kiffais bien.

On fixait tous les deux le comico où on avait rendez-vous, figés comme des cons. Je serrais des poings, imaginant déjà dans quelle galère elle s'était mise. Et d'ici quelques minutes on allait rapidement se retrouver dans un endroit rempli de poulets qui ne demandaient qu'à la serrer. J'étais peut-être pas calé en droit pénal mais j'savais que les faits reprochés à Clem' pouvait avoir de lourdes conséquences sur elle, sa vie, celle de mon gosse et également sur la mienne. Cette nuit, j'avais pas réussi à fermer l'oeil, car dès que je fermais les yeux, je voyais Clémence se fait embarquer dans l'une des maisons d'arrêt du pays. Et rien que d'imaginer cette possibilité, j'étais terrifié et ça me donnait des envies de meurtres. Me renvoyant ma propre culpabilité à la gueule, même si Clem' tentait de me convaincre qu'elle seule était responsable de toute cette merde depuis ce matin. Même si j'essayai de me montrer compréhensif et tout ce bordel, j'étais quand même encore véner contre elle. Putain mais elle avait pensé à quoi en allant agresser l'autre pétasse là ? J'aurai pu lui faire un putain de sermon, mais ça aurait servi à rien. Même si elle en parlait de manière détachée, elle était assez mal comme ça pour que j'en rajoute une couche. T'façon, à quoi bon gueuler ? C'est moi qu'avait ramener mon ex meuf dans notre vie.

En voyant le bâtiment blanc, devant nous, portant une inscription que j'avais toujours détester, je serra la mâchoire. Cet endroit me donnait presque des sueurs froides me ramenant des années en arrières quand j'enchainais les conneries étant ado. Je m'étais juré de ne plus jamais remettre les pieds dans un de ces endroits, si ce n'était dans une housse mortuaire. Ce genre d'endroit me filait la gerbe. malheureusement que ce soit pour elle comme pour moi, ce n'était pas la première fois qu'on venait ici. Car elle avait également des casseroles qui traînait à son cul et avait plusieurs fois fini en garde à vue après la mort de mon pote Raph'.

Je voyais bien que Clém balisait à son tour, on venait à peine de déposer Ewen qui était tout content de redémarrer l'école après ces vacances qui avaient été difficiles pour tout le monde. Mais les choses s'étaient un peu arrangés, notre gosse avait compris que les choses étaient difficiles et qu'on agissait comme des idiots tout en essayant désespéramment de le protéger. Et bien sur personne n'était parfait, mais on essayait du mieux qu'on pouvait. Mais je savais que Clém' faisait du bon boulot, c'était la meilleure maman que j'avais pu rencontrer et autrefois j'avais été fière de clamer haut et fort que cette nana était la mienne. ces deux derniers jours, j'avais laissé Clémence renouer avec notre fils, tout en préparant le terrain avec notre monstre. Dimanche, j'avais passé une bonne partie de la journée à parler avec lui, essayant de l'apaiser du mieux que je pouvais. Il avait ensuite accepter de parler avec sa mère et moi, et voyant que Clémence ne sachait pas comment se sortir de tout ça, j'avais pris les rênes pour la soulager. Elle l'avait fait pour moi quand il avait fallut expliquer notre séparation à Ewen, je pouvais bien l'aider à mon tour. par ce geste, j'voulais aussi lui montrer qu'avec notre fils, je la soutiendrait toujours quoiqu'il arrive. On avait peut-être foiré notre histoire mais la famille qu'on avait construite était toujours là. Ça m'avait touché de voir mon petit fondre dans les bras de sa mère, implorant son pardon, tout en l'embrassant de toutes ses forces. Comprenant qu'il avait été foncièrement mauvais avec sa mère qui faisait ce qu'elle pouvait pour lui. Ce moment entre nous avait été apaisant, et j'en avais presque oublier les tensions qu'il y avait entre sa mère et moi. Clémence m'avait même remercié d'avoir réussi à calmer notre fils, même si la discussion avait été douloureuse pour moi, ce que je me gardait bien de lui dire. Ne voulant pas la faire culpabiliser. Une fois que mère et fils retrouvèrent leur complicité, j'avais quitté l'appartement et rejoins les gars au studio où Mekra avait proposé de m'héberger pour mes derniers jours avec eux. Ce que j'avais accepter. Bien que de savoir que d'ici demain je resterai un petit moment sans pouvoir les voir commençait à me mettre en stress. Mais je préféra ne rien montrer afin de soulager tout le monde et de me rendre utile en aidant mon ex à affronter ses propres démons. La dernière chose que je voulais étant de la voir couler comme moi je l'avais fait il y a deux ans.