Rencontre à Paris

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Les premières semaines furent difficiles pour Malia qui avait du mal à s'adapter à cette nouvelle vie où tout était réglé, où tout devait être impeccable, sans erreur aucune, et où aucune sottise n'était admise. La jeune fille avait déjà une ennemie: Adélaïde. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi cette française l'exécrait ainsi, mais elle ne cherchait pas non plus à se lier avec elle. En vérité, elle non plus ne la portait pas du tout dans son cœur. Adélaïde s'était dressée contre l'étrangère, et avait monté plusieurs autres demoiselles contre elle. Malia n'y voyait pas d'inconvénients, et cela ne l'importait guère. Adélaïde faisait sa vie, se faisait ses propres idées, et tant pis pour elle. Malia n'avait pas de temps à perdre avec une fille pareille. Inès et Hortense lui suffisaient. Ces dernières s'étaient montrées avenantes et amicales envers la nouvelle venue, et lui avaient rendu la vie bien plus facile qu'elles ne devaient sûrement se l'imaginer. Et Malia leur était reconnaissante. La semaine touchait à sa fin, et déjà Malia n'en pouvait plus. La tristesse s'était emparée d'elle, et les leçons passaient trop lentement pour elle. Elle ne supportait déjà plus l'atmosphère, et malgré le fait qu'elle avait des amies qui faisaient tout pour la mettre à l'aise, et elles tâchaient de lui montrer tous les bons côtés de la vie en France. Mais Malia s'ennuyait et son pays lui manquait. Inès et Hortense se faisait du souci pour elle, et ne savait plus quoi inventer pour lui change les idées.

Un matin, Madame de Maintenon rassembla les demoiselles dans la cour, et, entourée de la marquise de Montespan et de Madame la duchesse d'Orléans, elle commença à parler.

"Mesdemoiselles,"dit-elle fort afin que toutes l'entendent. "Aujourd'hui, grâce à la bonté de notre bon Roi, Louis XIV, vous avez la journée pour sortir, accompagnées bien sûr, dans Paris, afin de découvrir les merveilles qu'elle renferme. Sa Majesté a elle-même donné des ordres pour que sa garde personnelle vous escorte. Vous irez donc, par groupe, dans la capitale. Seulement celle à partir de l'âge de 16 ans pourront s'y rendre."

Il y eut des soupirs et des chuchotements de déception, et les demoiselles pouvant sortir retinrent des cris de joie. Madame de Maintenon appela les filles, groupe après groupe, et Malia fut soulagée de savoir qu'elle était avec ses deux amies, qui d'ailleurs, lui lancèrent un regard joyeux.

Inès, Hortense, Catherine, Juliette et Malia quittèrent le château rapidement, dans une calèche royale, entourée de quatre guardes à cheval. Les cinq jeunes filles regardaient au dehors avec admiration, et Catherine et Juliette étaient les plus excitées. D'un an les cadettes des trois autres, les deux filles n'étaient jamais sorties, contrairement à Inès et Hortense qui avaient pu sortir l'année d'avant. L'année de leur 16 ans était l'année la plus attendue par les demoiselles, puisque c'était celle durant laquelle elles avaient la permission de visiter la capitale de leur France, mais aussi la dernière année de veritables leçons. En effet, les jeunes filles qui avaient atteint l'âge de 17 ans pouvaient assister à des bals, ce qui était quelque chose de nouveau et d'excitant.

Paris se réveillait, les ouvriers et les commerçants commençaient à travailler, les rues s'animaient, des petits enfants couraient devant leur gouvernante qui les grondait, quelques couples aristocrates se rendaient au château afin d'assister au lever du Roi pour les messieurs, et à celui de la Reine pour les dames. Malia regardait par la petite fenêtre du carrosse, mais n'était nullement impressionnée. Au contraire, elle était étonnée et quelque peu effrayée par tout ce monde bien trop distingué et maniéré à son goût. Hortense posa sa main sur celle de la jeune étrangère en affichant son plus beau sourire. Rassurée par ce geste, Malia lui rendit son sourire.

La voiture s'arrêta net, et le cocher accourut pour ouvrir et aider les demoiselles à sortir. Les cavaliers mirent pied à terre, et se dirigèrent vers les jeunes filles afin de les accompagner dans leur promenade. Ce fut le comble de la jalousie lorsque les quatre messieurs se précipitèrent vers Malia en lui offrant le bras, en lui disant les plus courtoises paroles, et la saluant comme il se doit. La jeune fille fut surprise, et fronça les sourcils: est-ce ainsi qu'un jeune homme de la bonne société parisienne se comporte? Elle s'apprêtait à répondre sèchement à leurs avances lorsqu'elle se souvint des mises en garde de Madame de Maintenon, et de ses leçons.

Princesse et AssassinWhere stories live. Discover now