Un après-midi à la cour

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Le temps passait, et grâce à l'aide du Comte, Malia semblait aller de mieux en mieux, au plus grand soulagement de son père. Elle avait repris les entraînements avec le Comte, ses jeux avec Bertille, et ses conversations avec Philippe qu'elle aimait tant. Pour ce qui était de Baudouin, ce dernier semblait être distant avec sa sœur, froid même, ce qui rendait Malia bien malheureuse. Elle avait essayé de lui parler, de lui demander la raison de ce soudain changement de comportement vis à vis d'elle, mais il avait évité la question et avait renvoyé sa sœur sèchement. Depuis, Malia n'avait plus jamais essayé de le faire parler. Elle avait cependant toujours été proche de son grand frère, et cette soudaine froideur l'attristait. Le Comte faisait tout son possible pour lui changer les idées, et grâce à lui, Malia allait de mieux en mieux. L'attitude de Baudouin à l'égard de sa sœur n'avait pas échappé au Comte, mais que pouvait-il faire? Avait-il seulement le droit d'intervenir? Il ne semblait pas que cela fût sa place, aussi préféra-t-il se concentrer sur le bien-être de Malia. Pour cette dernière, le Comte était devenu un confident, et bientôt son meilleur ami. Les sentiments amoureux qu'elle avait éprouvés pour lui avaient disparu, elle les avait étouffés, elle les avait repoussés, et à présent, elle ne le voyait qu'en tant qu'un ami très cher, à qui elle pouvait tout dire. De son côté, le Comte avait décidé que ses sentiments à lui vis à vis de Malia, devaient disparaître pour le moment, du moins il devrait les cacher, parce qu'il savait que ce n'était pas le bon moment pour elle de commencer une nouvelle romance. Leur relation semblait en être plus profonde, plus vraie et plus belle, et cela rendait Malia heureuse.

Malia retournait régulièrement sur la tombe de son fiancé, mais pas aussi souvent qu'avant. Elle se tenait à deux fois par jour : le matin après l'entraînement, et le soir, après le dîner. Souvent le Comte se joignait à elle le soir, et ils restaient en silence pendant un long moment. Mais ce matin-là fut différent, car Malia se mit à parler.

« Louis-Joseph était un homme exceptionnel, » dit-elle. « Il était attentif à ce que je disais, à ce dont j'avais besoin, à ce que je voulais. Mais il ne cédait pas facilement, il savait s'opposer à mes convictions et mes passions. »

Le Comte se tourna vers elle, étonné de cette soudaine confidence. Malia continua.

« Il savait me faire rire. » La jeune fille sourit à ce souvenir. « Il me respectait... Il m'aimait... Et je n'ai pas su lui rendre tout cet amour comme j'aurais dû le faire... »

Les larmes lui montèrent aux yeux, et le Comte sentit son cœur se serrer.

« C'est faux, » dit-il. « Vous lui avez témoigné de votre amour pour lui chaque jour, plus encore lorsqu'il était là. Je le voyais, il le voyait aussi. Il vous faisait confiance, sinon il ne vous aurait jamais laissée passer autant de temps avec moi sans vous dire quoique ce soit. Vous vous laissiez libre mutuellement. Votre amour l'un pour l'autre était quelque chose de magnifique, parce qu'il était libre et confiant. Et je vous admirais pour cela. »

Malia sourit et hocha la tête, rassurée. Elle savait que le Comte avait raison.

« Merci, » dit-elle simplement.

Ils restèrent un instant sans parler, et le Comte allait dire quelque chose, lorsque des pas précipités l'interrompirent, et les fit se retourner.

« Mademoiselle, Monsieur le Comte, » s'écria une voix essoufflée.

« Qu'y a-t-il, Jean? » demanda Malia en souriant.

Le dénommé Jean, serviteur au château de Saint-Germain depuis des années, homme approchant la quarantaine, se tint droit devant sa maîtresse et le Comte. Ses cheveux noirs grisonnant étaient en bataille, il avait le visage rouge, et tentait de retrouver son souffle après une course sûrement trop longue pour sa corpulence.

Princesse et AssassinWhere stories live. Discover now