Jalousie

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Les entraînements continuèrent, intenses, durant lesquels le Comte ne faisait preuve d'aucune pitié pour Malia qui rentrait épuisée de la matinée. Le jeune homme ne l'épargnait pas, n'hésitant pas à lui asséner des coups, à lui lancer des paroles qu'aucun jeune homme de son âge et de son éducation n'aurait jamais prononcées.

Au début, Malia était épuisée et avait du mal à suivre le rythme; mais elle dût s'avouer que grâce à l'attitude du Comte à son égard, sa rectitude et son perfectionnisme le rendant si exécrable, elle avait vite progressé. En quelques semaines, elle avait atteint un niveau satisfaisant selon son maître d'arme, mais il fallait faire plus, et elle pouvait faire mieux. Quoiqu'il en soit, elle n'avait absolument pas le choix. Dans trois mois, le Comte et Malia avaient une audience auprès de Sa Majesté, et il était fort probable que ce dernier leur donnerait une première mission. La jeune fille ignorait cette dernier information, et le Comte avait décidé de le garder pour lui. Malia avait assez de distractions, et lui dire ce que le Roi voulait serait nuisible à sa formation.

En effet, après les deux à trois heures d'entraînement tous les matins, Malia prenait du temps pour écrire à son fiancé qu'elle aimait plus que tout, et qui lui tendait cet amour. Et de temps à autre, ce dernier venait rendre visite à sa jeune fiancée, ce qui la comblait de joie. Cependant, les lendemains de la visite de son fiancé, Malia était distraite et beaucoup plus vulnérable, au grand mécontentement du Comte. Mais outre ce fait, Malia n'avait pas remarqué à quel point son maître d'arme était désagréable lorsque Louis-Joseph venait au château... Les deux hommes ne pouvaient pas se voir sans que la tension entre eux monte rapidement. Malia, trop occupée à se réjouir de la présence de l'homme qu'elle aimait, ne prêtait guère attention au Comte qui fuyait les deux amants dès que l'occasion se présentait. Le mariage était prévu deux ans plus tard, pour laisser à Malia et à Louis-Joseph le temps de finir leur formation respective. Le Duc d'Anjou s'était pris d'affection pour le jeune homme, et était ravi de la relation qu'il avait avec sa fille. Hélène de son côté s'était montrée de plus en plus distante à l'égard de sa belle-fille, et lorsque Bertille était en présence de Malia, elle refusait que les deux sœurs ne se parlent ou même ne se regardent. Malia avait arrêté d'essayer d'améliorer la situation, et prenait un malin plaisir à contredire Hélène dans ce qu'elle disait ou ordonnait. La jeune fille connaissait très bien les raisons de cette haine soudaine, et savait que la jalousie y était pour beaucoup. Le Duc de son côté avait remarqué cette attitude de la part de sa femme, et bien qu'il ait tenté de lui faire entendre raison, il avait fini par ne plus vouloir en entendre parler. La tension entre les deux époux était palpable et faisait souffrir Bertille. Baudouin ne voulait rien avoir à faire dans tout cela, et Philippe fuyait cette atmosphère autant qu'il le pouvait.

En dehors des entraînements, Malia revoyait aussi ses amies, Inès et Hortense, et aimait à passer du temps avec elles. Lors de bals donnés par le Roi ou le Duc d'Anjou, les deux jeunes filles étaient toujours présentes, et la soudaine attention de Baudouin pour Inès n'échappa pas à Malia qui s'en réjouit. Inès souffrait toujours de son amour pour son tuteur, mais depuis que Baudouin, le frère de sa meilleure amie, avait commencé à s'intéresser à elle, son cœur se tournait peu à peu vers le jeune homme, et se désintéressait rapidement de son tuteur, ce qui la soulageait beaucoup. Malia était heureuse de ce que son amie semblait aller mieux. Mais Hortense l'inquiétait beaucoup... en effet cette dernière avait beaucoup changé, ce n'était plus la gentille et douce Hortense, mais une Hortense désagréable, agressive, changeant d'humeur beaucoup trop rapidement... ce n'était pas normal, et Malia connaissait la cause de ce changement : Guirec... Elle savait ce qu'elle devait faire. C'était le seul moyen. La seule chose qu'elle était capable faire...

La vie prenait un tournant monotone, et malgré les matinées d'entraînement qui donnaient à ses journées quelque chose de piquant, Malia commençait à s'ennuyer. Le Comte s'en aperçut rapidement, et bien qu'il leur restât deux mois avant leur première mission, peut-être que le fait de demander à sa majesté d'avancer la date pourrait servir d'entraînement à la jeune fille qui se relâchait. De plus, être dans le feu de l'action pourrait être le meilleur entraînement pour la jeune fille, et cela lui permettrait de moins se distraire.

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